André 3000 : Critique du nouvel album Blue Sun

À propos de ces titres : Oui, ils sont longs. Ils sont ludiques. Il a mal orthographié le nom de Gandhi, oui. Il y a quelque chose à dire sur le fait qu’André ne peut s’empêcher d’utiliser le langage à la fois pour dire et pour obscurcir ce qu’il ressent. Il est tentant d’associer une sorte d’instrument narratif à la musique, en particulier quelque chose d’aussi vaporeux et évidemment personnel que celui-ci. On peut lire le soupir béatif de Nouveau soleil bleu comme un commentaire sur le soulagement de l’anonymat qu’André doit ressentir, ou sur la façon dont la sécurité d’un groupe de personnes partageant les mêmes idées vous permet de regarder de plus près l’obscurité extérieure. Si vous ne regardez pas la tracklist, vous pouvez le faire. Mais ces titres de chansons détournent votre regard, vous empêchent de prendre ce truc trop au sérieux, de trop y lire. Appelez cela une feinte, mais cela ressemble à une façon de garder la musique légère et excitante, de protéger l’esprit d’exploration qui a présidé à sa création.

Malgré sa virtuosité lyrique, André a toujours recherché ce dont une chanson a besoin ; Considérez la façon dont la moitié arrière de « BOB » est consacrée au gospel rave, ou comment le crochet ineffable de « SpottieOttieDopaliscious » est une ligne de trompette sans paroles. Ici, il fait la même chose, bougeant avec précaution et ne s’affirmant que lorsque cela lui convient. Il teste « The Slang Word » pour détecter ses vulnérabilités, taquinant son tissu avec sa flûte, choisissant légèrement de peur de déchirer la couture. Armé de sa flûte contrebasse dans « Cette nuit à Hawaï où je me suis transformé en panthère et j’ai commencé à faire ces ronronnements graves que je ne pouvais pas contrôler… Sh¥t Was Wild », il est beaucoup plus confiant. Il insulte comme Rahsaan Roland Kirk, tweete comme Eric Dolphy, met en place une mélodie, puis la liquide et la laisse mijoter contre la vibration sourde du tambour de Deantoni Parks.

Parks, comme le reste de l’ensemble, participe pleinement à la création de cette musique, et tout au long Nouveau soleil bleu, les autres instrumentistes montrent leur capacité à faire naître spontanément de nouveaux sons. Dans « Ninety Three ‘Til Infinity and Beyoncé », Matthewdavid gratte et étale des grains croustillants de bruit épais comme de la pâte de blé sur la piste et Botofasina rappelle celui de Laraaji. Chansons de Vision, Vol.1 avec son orgue de sous-sol dans « The Slang Word ». Ensuite, il y a Diego Gaeta, dont le piano qui tourne lentement dans « Ghandi, Dalai Lama, Your Lord & Savior JC / Bundy, Jeffrey Dahmer, And John Wayne Gacy » est le rotateur du gyroscope, un contrepoids qui empêche tout de tomber. Il flirte avec la réalisation onirique, pompe un peu de gospel, puis glisse dans une obscurité résignée, touchant à peine les touches ; la façon dont son jeu repose comme un verre retourné sur la mouche bourdonnante de la mélodie d’André apporte Nouveau soleil bleu plus proche des expériences tragiques de Tim Hecker Ravedeath, 1972 que le jazz ou le new age.