Des phénomènes étranges ont été signalés sur les rives de Llyn Tegid, également connu sous le nom de lac Bala, le plus grand plan d'eau douce du Pays de Galles. Les lumières vacillent sous la surface de l'eau et des flèches de pierre s'élèvent comme des spectres depuis les profondeurs obscures : vestiges, selon la légende, du château de Tegid Foel, un méchant dirigeant dont le royaume fut inondé en guise de punition des dieux. Ceux qui connaissent le conte populaire reconnaîtront des éléments du mythe dans « La Cour de Tegid », un point culminant mélancolique du roman de Bibio. BRIQUES FANTÔMES (LP II): le harpiste qui a donné une sérénade à la cour le soir du fatidique banquet final du roi ; le chant des oiseaux qui a attiré le harpiste vers des terres plus élevées avant que les eaux de crue ne descendent ; et des voix faibles et lugubres – le chant des noyés, peut-être, ou un écho muet de l’avertissement que l’on entend encore aujourd’hui vaciller dans le vent : «La vengeance viendra !»
Bibio, alias Stephen Wilkinson, s'intéresse depuis longtemps à la capacité du son enregistré à transmettre un désir sans nom. Sa musique la plus connue est une version doucement psychédélique de la folk pop avec une couche de nostalgie intégrée ; les tonalités turbulentes et les fréquences assourdies suggèrent des bandes extraites d'épaves englouties. (Dans son engagement à faire en sorte que sa musique ressemble étrangement à une relique usée par le temps, il ressemble beaucoup à son contemporain Burial, qui vient d'être élevé par Nick Drake et Fairport Convention au lieu de Metalheadz et Renegade Hardware.) Briqueterie fantôme La série représente l'apothéose des penchants nostalgiques de Wilkinson, rendant hommage aux paysages et aux ruines britanniques – bâtiments en ruine, villages récupérés par les mauvaises herbes – dans des poèmes nostalgiques et ambiants.
Comme le premier volet de la série de 2017, BRIQUES FANTÔMES (LP II) c'est une affaire discrète ; il ne se compose que d'un piano, d'une guitare baryton, d'une voix occasionnelle, d'une réverbération et d'un delay lourds. Comme sur le premier album, des fragments ressemblant à des esquisses sont entrecoupés de morceaux plus longs et plus immersifs, mais le terrain semble cette fois-ci plus varié, avec plus de distinctions entre les morceaux, que ce soit en termes de timbre, de structure ou de mélodie. Le tourbillon aquatique de l'ouverture « Dinorwic », du nom du site d'une ancienne carrière d'ardoise, rappelle la majesté de Stars of the Lid. Les tonalités soupirantes de « Llyn Peris », du nom d'un autre lac du Pays de Galles, pourraient être un extrait de celui d'Aphex Twin. Œuvres analogiques sélectionnées Volume II. Le brumeux « Brograve », qui partage son titre avec un moulin à vent délabré du XVIIIe siècle à Norwich, pourrait être l'une des méditations 13 tours de Philip Jeck.