Un envahisseur qui survit hors de l’eau
Capable de respirer de l’air et de ramper sur de courtes distances, le « snakehead » nordique, Channa argus, fait frémir les agences environnementales. Cette espèce originaire d’Asie peut rester vivante sur le sol tant que sa peau demeure humide.
Dans le Missouri, les autorités ont confirmé quatre observations récentes, après des signalements en 2019 et 2023. Le 25 mai 2024, un pêcheur a capturé un spécimen qui n’a pas succombé malgré sa dépose sur le trottoir.
Un prédateur redoutable pour la faune locale
Ce poisson possède une bouche armée de dents fines et acérées, à la manière d’une grenouille carnivore. Il engloutit toute proie pouvant passer entre ses mâchoires, des alevins aux amphibiens, voire de petits oiseaux.
Long jusqu’à un mètre et pesant jusqu’à cinq kilos, il domine aisément la chaîne alimentaire. Son appétit et son opportunisme en font un compétiteur direct des espèces natives.
Une reproduction explosive et une diffusion rapide
La femelle peut libérer jusqu’à 50 000 œufs, et ce jusqu’à cinq fois par an. Sans prédateurs naturels aux États-Unis, l’expansion peut être fulgurante dans des milieux variés.
L’espèce profite des canaux, des rivières lentes et des étangs riches en végétation. Transport illégal, relâchers accidentels et commerce aquariophile ont accéléré sa diffusion.
Un sujet d’inquiétude transatlantique
Aux États-Unis, les snakeheads sont classés « espèces nuisibles » et leur transport est largement interdit. Plusieurs États sanctionnent la possession, la vente et le relâcher de ces poissons.
Dans l’Union européenne, Channa argus figure sur la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes à l’échelle de l’Union. Cette inscription impose des mesures de prévention et de contrôle à tous les États membres.
Impacts sur les écosystèmes et l’économie
Le snakehead entre en compétition pour la nourriture et l’habitat, déstabilisant les équilibres finement ajustés. La prédation ciblée peut faire chuter certaines populations locales et altérer la structure des communautés aquatiques.
À terme, la perte de biodiversité peut affecter la pêche récréative et commerciale, ainsi que les services écosystémiques. Les coûts de surveillance et d’éradication pèsent sur les budgets publics.
Ce que disent les scientifiques
« Face au snakehead, la meilleure défense reste la vigilance et la rapidité d’action », rappellent des biologistes de terrain. « Si vous pensez l’avoir éliminé, il est déjà ailleurs. »
Cette mise en garde reflète la résilience et l’adaptabilité d’une espèce capable de s’oxygéner à l’air libre. Son comportement agressif complique les réponses classiques.
Comment le reconnaître et agir
Son corps allongé, brun mottlé, ses yeux placés très en avant et sa nageoire dorsale continue sont caractéristiques. La tête aplatie évoque un serpent, d’où son nom.
En cas d’observation, les autorités recommandent une réaction immédiate et documentée. Les gestes ci-dessous sont désormais essentiels.
- Ne jamais le remettre à l’eau, même par bonne intention.
- Le signaler aux services de conservation avec photos et coordonnées.
- Désinfecter le matériel de pêche et les embarcations.
- Ne pas le transporter vivant, éviter toute dispersion d’œufs.
- Participer aux programmes de science citoyenne et de surveillance.
Coopération et outils de contrôle
La lutte combine filets ciblés, pêches électriques et interventions rapides sur les foyers émergents. Des barrières physiques et la gestion des habitats limitent les corridors de propagation.
L’information du public et la formation des pêcheurs accélèrent la détection précoce. La coopération transfrontalière US‑UE renforce le partage de données et de méthodes éprouvées.
Pourquoi la prévention compte
Une fois établi, le snakehead devient coûteux à contenir et presque impossible à éradiquer. La prévention demeure l’option la plus efficace et la moins onéreuse.
Chaque introduction évitée protège des espèces locales et évite des dépenses durables. Agir tôt, c’est sauver du temps et de la nature.
Une course contre la montre
Les observations au Missouri confirment la menace et l’actualité du risque. L’UE, déjà mobilisée, affine ses protocoles et ses financements de recherche.
Entre résilience biologique et mobilité humaine, la bataille se joue au quotidien. La vigilance collective et des mesures fermes restent notre meilleur rempart.