De nouveau sur Terre se déroule à un rythme glacial, permettant à chaque élément de fusionner à son rythme. Les deux premiers morceaux descendent dans un purgatoire trouble : l’ouverture instrumentale « Outside » est dirigée par Pedigo, sa guitare plaintive soutenue par un travail de hache supplémentaire du guitariste de Chat Pile Luther Manhole, Busch et Cap’n Ron, qui gère traditionnellement les percussions mais joue un lap steel powerslide sur certaines de ces chansons. Ce morceau s’intègre parfaitement dans « Demon Time », un numéro hypnotique dans lequel Busch prophétise l’incendie de tous les châteaux du monde et le retour de tous les démons. « Et ils te trouveront/Et ils te foutront en l’air », chante-t-il d’une voix basse et égale. Malgré leur son tranquille, « Outside » et « Demon Time » sont tous des tensions, sans relâche. Alors, quand « Ne dites jamais mourir ! commence par un accord de puissance fulgurant et un coup de pied nucléaire – la première percussion du disque – c’est une pure catharsis. C’est le morceau de Chat Pile le plus caractéristique de l’album : boueux, désaccordé et impitoyable.
Le reste de De nouveau sur Terre alterne entre des chansons centrées sur la voix et des pistes instrumentales. « Behold a Pale Horse » est un duo Pedigo/Manhole plein de joli contrepoint caillé par la réverbération. « Fission/Fusion » commence comme une mêlée bruyante et saccadée avant de s’installer dans quelque chose de plus adjacent à Metallica. Et « I Got My Own Blunt to Smoke » trouve Busch seul avec sa guitare, interpolant apparemment Timbaland. Il ne s’agit que d’une gamme descendante de cinq notes, mais Busch développe son mélodrame à un degré presque caricatural. Il est difficile d’imaginer qu’à la lumière des références culturelles loufoques qu’il a répandues dans le travail passé de Chat Pile, il ne sache pas exactement ce qu’il fait.
Alors que les enregistrements sur le terrain et les boucles sur bande apportent une contribution indélébile à l’atmosphère du disque, ils tombent à plat sur sa pièce maîtresse de huit minutes, « The Matador ». « Les choses s’effondrent ! » Busch hurle plusieurs fois, et c’est ici que les sensibilités communes de Chat Pile et Pedigo tiennent le moins ensemble. Ils ouvrent la chanson avec près de deux minutes de boucles sur bande avant que la batterie, la basse et la guitare ne se transforment progressivement en un coup de langue monstre. La musique souffle sans cesse mais perd de son punch dans la dernière ligne droite. Il y a ici une superbe chanson de quatre minutes, mais le long solo de guitare final est gratuit, tout comme l’intro lente.