Coup de tonnerre historique: pour la première fois depuis les années 1970, les États-Unis pourraient ne plus être en mesure d’envoyer des astronautes sur la Lune

Les États-Unis ont été des pionniers incontestés de l’exploration spatiale. Pourtant, la perspective d’une nouvelle ère lunaire se heurte à une incertitude. Pour la première fois depuis les années 1970, la capacité américaine à envoyer des astronautes sur la Lune pourrait vaciller.

Un programme ambitieux, mais contesté

Conçu pour établir une présence durable sur la Lune, Artemis promet une renaissance. Mais l’après Mars Sample Return et la dépendance au privé ont intensifié la critique. La mission Artemis III, prévue pour 2026, incarne désormais ces doutes.

L’architecture prévoit SLS, Orion, puis un rendez-vous lunaire avec un Starship. Deux astronautes descendront, deux resteront en orbite, dans un ballet technique minuté. La moindre défaillance devient une menace pour l’ensemble de la mission.

Un montage complexe aux limites techniques

Le profil de vol exige de multiples ravitaillements en orbite pour Starship. Selon les estimations, il faudrait au moins dix lancements de soutien, une cadence encore théorique. Même Elon Musk a exprimé des réserves sur la tenue de ce calendrier.

Face aux risques, la NASA étudie des alternatives plus modestes. Un survol sans alunissage, ou un rendez-vous Orion–Starship en orbite basse terrestre, sont envisagés. Ces options réduiraient la complexité, mais aussi la portée symbolique.

« Sans une architecture plus simple et des budgets stables, la fenêtre se refermera. »

Des coûts et des risques difficilement tenables

SLS, héritée de Constellation, affiche des coûts colossaux. Près de 17 milliards pour le développement, et plus de 4,1 milliards par lancement. À ce niveau, chaque tir devient un pari budgétaire et politique.

La capsule Orion, surdimensionnée, ajoute de la masse et des contraintes. L’orbite NRHO économise du carburant, mais complique les opérations. Le retour rapide en cas d’anomalie devient moins aisé, ce qui inquiète la sécurité.

Des véhicules pas taillés pour la Lune

Pensé pour Mars, Starship est une plateforme gigantesque. Un ascenseur d’environ 40 mètres pour descendre sur la surface rend l’évacuation rapide difficile. L’échelle du système dépasse les besoins d’un alunissage initial.

Des ingénieurs évoquent une petite capsule ascensionnelle emportée par Starship. Elle permettrait un retour orbital plus direct, en laissant le vaisseau sur la Lune. Mais cela ajoute du développement, des tests et des délais.

Calendrier, budget et politique

La conquête lunaire vit au rythme des crédits et des cycles électoraux. Les résolutions budgétaires temporaires plombent la planification et l’industrie. L’inflation, les chaînes d’approvisionnement et la main-d’œuvre sont sous tension.

La certification des systèmes demande du temps et des essais répétés. Or, la médiatisation pousse des objectifs rapides, parfois irréalistes. Ce décalage nourrit l’incertitude et fragilise la confiance.

Obstacles clés à surmonter

  • Cadence de lancement et logistique de ravitaillement en orbite
  • Coûts unitaires élevés de SLS et maturité des systèmes
  • Complexité des rendez-vous lunaires et choix d’orbite
  • Gouvernance budgétaire instable et calendrier politique
  • Intégration public–privé et certification sécurité

La pression chinoise

La Chine avance avec une approche pragmatique et plus sobre. Deux lanceurs CZ-10, des capsules dédiées et des séquences plus directes. L’objectif d’un alunissage habité d’ici 2030 semble désormais crédible.

Mengzhou pour l’orbite, Lanyue pour la descente, et retour coordonné. Cette architecture réduit la complexité et accélère le rythme. Elle accentue la pression sur l’Amérique, à l’heure des arbitrages financiers.

Scénarios pour éviter l’impasse

Les États-Unis peuvent simplifier l’architecture lunaire à court terme. Un atterrisseur plus léger, moins de rendez-vous et des marges accrues. Des partenariats internationaux plus profonds pourraient amortir les coûts.

Autre voie, renforcer la Gateway et valider des étapes progressives. Un vol habité sans alunissage préserverait l’élan tout en réduisant le risque. L’essentiel est de garder un cap clair et des objectifs réalistes.

Ce que révèle cette séquence

L’excellence américaine n’a pas disparu, mais elle se heurte à la synchronisation. Technologies, budgets, industrie et politique doivent s’aligner. Sans cela, la puissance de feu ne se traduit pas en succès opérationnel.

Artemis reste une vision mobilisatrice pour la décennie à venir. Pour qu’elle devienne une réalité, il faudra moins de complexité et plus de constance. Alors seulement, l’Amérique pourra retrouver une empreinte durable sur la Lune.