TameImpala_DEADBEAT-album-2025
Alors que la médiocrité créative semble avoir anesthésié une bonne partie de la production musicale contemporaine, quatre ou cinq bonnes chansons suffisent pour parler d'un bon album.
Dans le cas de « Deadbeat », la nouvelle œuvre de Kevin Parker, trois suffiraient – My Old Ways, No Reply, Dracula – pour décréter un retour fulgurant. C’est le triplé initial qui ouvre immédiatement un horizon visionnaire, où l’expérimentation pop devient un médium alchimique capable d’incorporer les genres, de les manipuler et de les réfracter dans la lumière changeante de son esthétique sonore.
Mais Deadbeat ne s'arrête pas sur cet incipit explosif, bien au contraire !
L'heure de musique qui suit — 56 minutes de pulsations hypnotiques et de clair-obscur psychédélique — se développe comme un voyage perspicace, une rave mentale entre introspection et catharsis. Oubli, ça sonne presque comme du reggaeton électronique, en Pas mon monde le haut-parleur droit filtré ponctue un mantra futuriste presque comme si Depeche Mode avait commencé à créer Edm, tandis que Connexion éthéréed'une durée de plus de sept minutes, est un rituel électronique qui culmine dans l'intimité suspendue de À lundi (vous êtes perdu), puis reprendre de l'élan dans End of Summer.
Le son de Parker, plus électronique que jamais, semble filtrer l'inquiétude du présent à travers le prisme d'une euphorie maîtrisée. Ses récentes connaissances – dont Dua Lipa – suggèrent une affinité avec la danse la plus cérébrale : des lignes de basse tordues, des motifs synthétiques en constante évolution, une élégance presque technique.
Pourtant, à certains moments, la voix pop risque d'atténuer la puissance du son (Afterthought en est un exemple), comme si le perfectionnisme de Parker laissait la place à son côté plus conciliant.
Réalisé entre Fremantle et le Wave House Studio à Injidup, Deadbeat traduit en musique l'âme sauvage de l'Australie occidentale, sa tradition du bush doof et l'écho lointain des raves primordiales. C'est un disque de clubs et de déserts, d'isolement et de libération. Parker abandonne ici le contrôle maniaque du passé au profit d'un minimalisme plus instinctif, laissant le son respirer et se déformer.
Au niveau des paroles, « Deadbeat » est la radiographie d’une fatigue existentielle. Parker raconte un cycle infini de désillusion et d'introspection, où la fête devient une thérapie et le rythme, plutôt que de guérir, devient une anesthésie. Après The Slow Rush et son obsession du temps, l'artiste est ici confronté au vide qui suit l'attente : la mélancolie des mêmes jours, l'écho du bruit quand la musique se termine.
À une époque où de nombreux disques sonnent comme des exercices de style, « Deadbeat » a encore la force d’un geste. C'est un album qui ne veut pas plaire, mais vibrer ; qui ne recherche pas la perfection, mais la friction.
C'est la preuve que Kevin Parker n'a cessé de se remettre en question – et de se répondre sous forme sonore.
Un disque qui rentre directement dans le top des meilleurs disques de 2025 !
NOTE : 8,50
LISTE DES TRACES
1. Mes anciennes méthodes
2. Aucune réponse
3. Dracula
4. Les perdants
5. L'oubli
6. Pas mon monde
7. Un morceau de paradis
8. Obsolète
9. Connexion éthérée
10. À lundi (vous êtes perdu)
11. Après réflexion
12. Fin de l'été
DISCOGRAPHIE
2010- Haut-parleur intérieur
2012 – Solitude
2015 – Courants
2020 – La lente ruée
2025 – Mort-payant
VIDÉO
WEB ET SOCIAUX
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