Des astronautes chinois allument une allumette dans l’espace : un résultat spectaculaire qui fascine la planète

Les taïkonautes de la station spatiale Tiangong ont réalisé une expérience simple en apparence, mais aux résultats stupéfiants: allumer un allumette en apesanteur. Ce geste familier a dévoilé une physique inattendue et des leçons cruciales pour la sécurité spatiale. L’image d’une flamme qui ne « monte » pas, mais qui s’arrondit en bulle lumineuse, a surpris autant le public que les scientifiques.

Le phénomène ne tient pas du spectacle, mais de la science pure. En microgravité, l’air chauffé ne s’élève pas, la convection s’effondre, et la flamme se nourrit lentement par diffusion de l’oxygène. Résultat: une combustion plus stable, souvent plus froide, à la forme presque sphérique.

Ce que révèle une flamme en microgravité

Sur Terre, la convection crée une flamme en goutte inversée, chaude et jaune au sommet, plus bleue à la base. Dans l’espace, sans « haut » ni « bas », la flamme se distribue uniformément, telle une sphère pâle. Sa couleur tend vers le bleu, signe d’une combustion plus propre et moins fuligineuse.

Cette diffusion lente de l’oxygène change la vitesse de réaction et la production de suie. Certaines conditions favorisent même des « flammes froides », réactions à plus basse température, utiles pour étudier la stabilité de l’ignition. On observe aussi un front de combustion plus homogène et moins turbulent.

Une leçon en direct depuis Tiangong

Le 21 septembre 2023, les taïkonautes Gui Haichao et Zhu Yangzhu ont présenté une démonstration en direct. Devant des classes en Chine, ils ont allumé une bougie et montré la naissance d’une petite sphère bleutée. Loin de flamboyer, la flamme a respiré doucement, comme suspendue dans la station.

« Dans l’espace, la flamme n’a pas de haut ni de bas: elle respire lentement, dans toutes les directions. » Cette phrase résume l’étrangeté et la beauté d’une combustion libérée de la gravité. Derrière l’émerveillement, on trouve une plateforme idéale pour la recherche.

Pourquoi cela serait interdit sur l’ISS

À l’ISS, les flammes ouvertes sont strictement interdites pour des raisons de sécurité. L’incendie sur la station Mir en 1997 a rappelé la vulnérabilité des habitats orbitaux. Aujourd’hui, toute expérience de combustion s’effectue dans des enceintes scellées, avec capteurs et contrôles précis.

La station Tiangong suit un autre cadre opérationnel, autorisant des démonstrations très surveillées. L’ISS dispose du Combustion Integrated Rack; Tiangong, de son Combustion Experiment Rack (CER). Dans les deux cas, la priorité reste la prévention, la détection et la maîtrise du risque.

Ce que les chercheurs apprennent vraiment

Observer des flammes quasi sphériques permet de décortiquer la chimie de l’ignition, du mélange et de la diffusion. On mesure mieux la production de suies, l’émission de chaleur et la transition entre régimes laminaire et turbulent. Ces données nourrissent des modèles capables de prédire le comportement du feu en orbite.

La microgravité offre un laboratoire de référence pour valider des équations sans la convection parasite. On affine ainsi les systèmes d’extinction, d’alerte et de ventilation. À la clé: des véhicules plus sûrs, des habitats mieux conçus et des procédures plus robustes.

Retombées pratiques pour les vols lointains

Pour la Lune, Mars et les vols de longue durée, comprendre le feu devient une nécessité. Les matériaux, l’électricité embarquée et la gestion de l’air imposent une maîtrise fine de l’ignition. Un foyer mal contrôlé peut très vite menacer l’équipage et les systèmes.

Les enseignements de Tiangong aideront à calibrer les ventilations, à définir des seuils d’alarme, et à adapter l’emplacement des détecteurs. Ils guideront aussi la formation des équipages et le choix des extincteurs adaptés à la microgravité.

À retenir, en quelques points

  • La microgravité supprime la convection et rend la flamme plus sphérique.
  • La combustion devient plus lente, dominée par la diffusion d’oxygène.
  • La production de suie diminue souvent, la flamme tendant vers le bleu.
  • Les expériences doivent rester très encadrées, le risque d’incendie étant critique.
  • Les données améliorent la détection, l’extinction et la conception des habitats.
  • Les résultats profiteront aux missions vers la Lune, Mars et au-delà.

La prudence avant tout

Même dans un cadre pédagogique, chaque geste est précédé d’une analyse de risque. Les taïkonautes suivent des protocoles stricts, avec des moyens d’extinction immédiats et des voies d’isolement. Le but n’est pas la démonstration « coup d’éclat », mais la connaissance utile.

La force de ces expériences tient à leur rigueur et à leur portée opérationnelle. En dévoilant une flamme qui ne se comporte plus « comme chez nous », elles éclairent des choix de conception bien terrestres. Mieux comprendre le feu en apesanteur, c’est mieux protéger la vie dans l’espace.

Au final, ce petit chibrit transformé en instrument de science rappelle que les grandes découvertes naissent souvent de gestes simples. À bord de Tiangong, une flamme qui s’arrondit ouvre un champ d’applications immense. Entre émerveillement et prudence, le progrès avance par une lueur bien maîtrisée.