MBW Views est une série d'articles d'opinion exclusifs rédigés par d'éminents personnalités de l'industrie musicale… avec quelque chose à dire.
L'éditorial suivant provient de Michael Huppe, président et chef de la direction de SoundExchange, une organisation de droits d'exécution basée à Washington, DC.
Huppe partage ici ses réflexions sur le soutien continu du Congrès à la loi AM for Every Vehicle, qui, si elle est adoptée, obligerait les constructeurs automobiles américains à installer des radios AM dans tous les nouveaux véhicules.
Dans le même temps, les artistes américains ne sont pas payés lorsque leur musique est diffusée sur les radios AM/FM. Huppe explique ici pourquoi « il est si crucial de se battre pour que les artistes soient payés pour des émissions radiophoniques ».
Il ne fait aucun doute que l’industrie musicale est convaincue que les artistes et autres créateurs méritent d’être payés pour leur travail.
Mais lorsqu’il s’agit de la lutte pour obtenir des redevances sur les performances des émissions radiophoniques AM/FM, certains sceptiques remettent en question les efforts déployés pour obtenir la justice économique d’un média « mourant » tel que la radio terrestre.
Mais la semaine dernière, le Congrès a mis au premier plan pourquoi il est si crucial de lutter pour que les artistes soient payés pour des émissions radiophoniques.
Suite aux efforts agressifs et bien financés de la National Association of Broadcasters (NAB), le Congrès décide de protéger la radio AM en obligeant les constructeurs automobiles à conserver la technologie vieille de 100 ans dans les voitures – même si elle interfère avec les moteurs électriques et augmenterait prix des voitures.
Si la loi AM for Every Vehicle est adoptée, le gouvernement américain exigera pour la première fois que les entreprises privées installent un service de diffusion spécifique dans leurs véhicules.
Mais si l’AM/FM est « en train de mourir », si la radio est « en train de mourir », pourquoi cette législation est-elle si importante et si rapide ?
Pourquoi est-ce la priorité numéro un des diffuseurs cette année ? Cette législation est une bouée de sauvetage pour iHeart et d’autres diffuseurs en direct qui perdent des parts de marché (et de l’influence culturelle) au profit des services de streaming numérique.
Si la loi AM for Every Vehicle devient loi, il n’est pas exagéré d’imaginer que les radiodiffuseurs chercheront à inclure la radio FM dans leur mandat. Pourquoi? Parce que les diffuseurs FM proposent les offres les plus douces de toutes en matière de diffusion de musique.
« Lorsque les Américains écoutent de la musique à la radio terrestre, les radiodiffuseurs n'ont pas à payer un seul centime aux artistes pour cette performance, malgré le fait que toutes les autres plateformes numériques (comme la radio par satellite et la radio Internet) paient les artistes. »
Ils profitent pratiquement gratuitement du bien public des ondes FM et gagnent 12 milliards de dollars par an sans rien payer pour le principal intrant de leur service : l’enregistrement.
C'est vrai, lorsque les Américains écoutent de la musique sur la radio terrestre, les diffuseurs n'ont pas à payer un seul centime aux artistes pour cette performance, malgré le fait que toutes les autres plateformes numériques (comme la radio par satellite et Internet) paient les artistes. Et ce, même si tous les autres pays industrialisés paient les artistes.
Il va donc de soi qu’iHeart et d’autres diffuseurs souhaitent que leurs auditeurs écoutent autant que possible les stations de radio terrestres – par opposition aux services numériques – où ils collectent des milliards de dollars de revenus publicitaires en écoutant de la musique gratuitement.
Ne vous y trompez pas : les radiodiffuseurs travaillent avec diligence pour garantir que le Congrès accorde à la radio AM (et éventuellement FM) une vie perpétuelle dans les automobiles.
Si le Congrès peut trouver le temps et la volonté politique, avec tout ce qui se passe dans le monde, d'accélérer l'adoption d'un mandat gouvernemental visant à imposer une technologie centenaire dans chaque nouvelle voiture, alors il pourra sûrement aborder la question de s'assurer que les artistes sont payés pour leurs chansons lorsqu'elles sont diffusées à la radio AM/FM.
Adopter le projet de loi AM sans régler la question des droits d’exécution cautionnerait le système rétrograde actuel et permettrait aux radiodiffuseurs de continuer à exploiter les artistes.
L'adoption d'une loi bien plus importante, comme l'American Music Fairness Act (AMFA), permettrait aux artistes d'être légitimement payés pour leurs performances radio AM/FM.
Ainsi, s’il est essentiel d’exiger la préservation d’une source de revenus pour un secteur commercial très rentable des médias qui a consolidé, centralisé et pratiquement tué la véritable programmation locale, il devrait être encore plus important d’exiger une juste compensation pour les entreprises – c’est-à-dire les artistes –. qui constituent le fondement même de leur service.