Sam Amidon : Critique de l’album de Salt River

Le dernier disque de Sam Amidon porte peut-être le nom de l'une des nombreuses rivières salées des États-Unis, mais le titre montre également à quel point il peut être difficile de le classer. Sa musique s'inspire profondément du folk traditionnel, de la country et du blues, en particulier des Appalaches, mais elle est trop raffinée pour être confondue avec eux. Il intègre des remaniements pop – Mariah Carey, Tim McGraw et Tears for Fears – mais c'est trop sobre et excentrique pour être pop. Ce n'est pas tout à fait une rivière, ce n'est pas tout à fait une mer, c'est quelque chose entre les deux, où Amidon nage comme s'il essayait de trouver le point où l'un se transforme en l'autre.

Sur Rivière Saléeses sauveteurs sont Philippe Melanson et Sam Gendel. Melanson est un percussionniste patient et expressif qui joue comme si quelqu'un touchait de l'eau à différents endroits, puis étudiait les ondulations qui s'entrecroisent. Gendel est un saxophoniste et producteur de jazz dont les subtilités aériennes ont été créées pour les chansons impressionnistes d'Amidon. Et Amidon lui-même est un cueilleur et un violoniste agile. Mais surtout, il y a cette voix lugubre, cette perfection en lambeaux, avec sa chaleur détachée et son allure distante. Il a le cuivre et le grain que vous pourriez entendre résonner dans le creux d'une montagne, mais l'éclat a été maté, les cadences démontées pour l'étude, réaménagées pour les grands intérieurs. C'est ce qui distingue Amidon du groupe Nonesuch-core bien conçu, où les traditions « basses » comme la country et le folk sont dignes de salles de concert avec des traditions « élevées » comme le minimalisme et le jazz, désormais souvent agrémentées de rock indie : Harry Smith rencontre Tony Conrad dans le quartier de Bon Iver.

C'est en soi une sorte de tradition, et Amidon s'y conforme honnêtement. Ses parents étaient membres d'un théâtre de marionnettes radical qui chantait sur un album Nonesuch des premiers hymnes folkloriques américains, et il publiera plus tard lui-même de la musique sur le label. Ayant grandi dans le Vermont, il a enregistré et joué prodigieusement tout au long de ses études secondaires, puis s'est essayé au côté arty du rock indépendant avec son collaborateur de toujours Thomas Bartlett. Mais depuis lors, il a surtout misé son nom sur l'interprétation plutôt que sur la création de chansons, se faisant un vaisseau dans lequel les vieilles choses peuvent se balancer si doucement et étrangement qu'elles pourraient tout aussi bien être nouvelles.

Sur Rivière Salée« Three Five » – exhumant un hymne morbide intitulé « The Old Churchyard » – a tout ce que vous voudriez dans une chanson idéale de Sam Amidon : des cordes en nylon adjacentes au new age scintillent sombrement et humides, des cornes brillent doucement comme des lucioles, des percussions qui tours et éclaboussures, et Amidon s'efforçant trompeusement pour chaque intervalle, manquant par degrés stratégiques. L'autre grand moment est probablement « Big Sky », où il semble s'être efforcé de reprendre le chant garage-rock de Lou Reed comme s'il était Arthur Russell. Très sympa mais peut-être une nouveauté.