Troye Sivan : quelque chose à se donner Critique d’album

Quelque chose à se donner est l’écrin d’un éclectisme éblouissant. Les idées qui ne pourraient pas fonctionner sur papier sont exécutées avec talent et avec un effet souvent magnifique. Vous voulez entendre le gazouillis déchirant de Jessica Pratt sur un rythme de danse ? Contemplez le « Can’t Go Back, Baby », très abattu. Êtes-vous intéressé par l’espagnol? Voir le sensuel « In My Room ». « Got Me Started » termine son rythme propulsif en deux temps avec un extrait extrait de « Shooting Stars » de Bag Raiders, alias de que mème vieux de plusieurs années. Bien qu’au départ gratifiants, ses synthés ondulants s’appuient sur la nostalgie romantique de la chanson d’une manière qui rappelle drôlement la version riche en échantillons d’Overmono du garage britannique.

Dans des interviews récentes, Sivan a donné l’impression de s’être installé avec grâce dans sa célébrité, le genre d’artiste qui déclare clairement que depuis que tous ses rêves de célébrité se sont réalisés très tôt, il ne lui reste plus grand-chose à prouver. C’est le genre d’attitude décomplexée qui semble glamour plutôt que sans ambition, une opportunité de tirer parti de sa position solide au cœur du courant dominant pour entreprendre des projets extravagants, faire preuve de bon goût et laisser flotter son drapeau bizarre. L’ensemble du projet de Quelque chose à se donner ressemble à une masterclass en curation, un mélange d’humour de niche, de références d’art et d’essai et d’expériences inspirées liées à la liberté d’être n’importe quel type de pop star qu’il veut être. Des échantillons aux vidéoclips chargés de références, « Got Me Started » fourmille d’allusions à Wong Kar-wai, le sprint cathartique de Denis Lavant de Mauvais Sang, et je me suis retrouvé en l’espace de trois minutes ! « One of Your Girls » est le Calvin Klein des années 90 en passant par « Video Phone » et Xtina dans ce qu’elle a de plus méchant. Quelque chose à se donner transforme un buffet de références en bonbons auriculaires faciles à digérer.

L’ambiance du disque est si cohérente que lorsque l’album plonge, cela se remarque. « Still Got It » retrace le désir latent d’une relation avec un ex, mais ressemble à un vestige esthétique de Floraison, avec sa triste outro instrumentale trempée d’orgue et sa longue outro sapant l’énergie et l’élan refoulés de la brillante série de quatre chansons qui la précède. En revanche, « Can’t Go Back, Baby » couvre un terrain émotionnel similaire mais utilise son son muté, minimal et son échantillon brillamment bizarre pour télégraphier une confiance définitivement brisée et la perte d’un rêve partagé avec un effet bien plus grand. Sivan associe à son ambiance hantée une voix feutrée qui se languit et se tord autour d’une relation, non pas ceinturante mais habitant pleinement chaque point sensible du sentiment meurtri de la chanson.

Beaucoup de Quelque chose à se donner apparaît moins comme une réinvention que comme un perfectionnement progressif du savoir-faire de Sivan. Il a légèrement réduit le volume montant et anthémique pour un son qu’il peut mieux maîtriser. Qu’il tombe amoureux ou non, qu’il sorte ou qu’il réfléchisse à la nuit précédente, Sivan semble plus crédible que jamais, associant une nouvelle fanfaronnade à une montée d’émotion enivrante. C’est sa propre drogue, et c’est un tel succès.

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