Mais Trois cloches n’est pas seulement une croisière à travers la collection de disques de Segall. L’album s’ouvre sur deux épopées prog-folk en plusieurs sections – « The Bell » et « Void » – qui appliquent le plan de bataille de son medley fou de 2017 « Warm Hands (Freedom Returned) » à des royaumes plus mystiques, alimentant le délire avec chaque nouveau fragment mélodique et changement soudain de tempo. C’est du rock’n’roll tel qu’un tableau de MC Escher : un équilibre entre ingénierie innovante et logique désorientante du haut vers le bas. Mais malgré tous leurs rebondissements, « The Bell » et « Void » exposent clairement le terrain thématique que Segall explore tout au long du film. Trois cloches: la tension éternelle entre la recherche de la paix intérieure tout en cédant sous les pressions extérieures. Sur la rêverie rustique power-pop « My Room », il admet : « Là-bas, j’ai trop le vertige/Je préfère être dans ma chambre », mais à mesure que les crochets de la guitare électrique de la chanson deviennent plus aigus, plus méchants et plus encore. intrusif, il semble reconnaître l’impossibilité de se déconnecter complètement.
La prescription de Segall pour être sain d’esprit est de tirer sa force de ceux qu’il aime : ses animaux de compagnie, oui, mais surtout sa femme. Hon Trois cloches, l’influence de Lennon est autant matrimoniale que musicale : alors que Denée est déjà apparue dans le travail de Segall (y compris dans leur projet robo-punk the CIA), avec ce disque, elle devient la muse et la co-conspiratrice créative complètement empêtrée dans son l’art, et l’agent provocateur le poussant à de nouveaux degrés de charnalité brute. En tant que chanteuse et parolière, elle livre son idée de chanson d’amour avec « Move », un boogie proto-métal impétueux dans lequel elle révèle le secret du couple pour soulager le stress : « Quand nous sommes de côté/Je déconnecte le téléphone/C’est différent le matin/Quand nous sommes seuls.
En revanche, Segall s’adresse à sa meilleure moitié avec un pur respect. « To You » commence comme un portrait du mal du pays induit par les tournées, coloré par des percussions folk-punk maniaques et des synthés ping-pong, mais quand il déclare: « Je reviens vers toi », la chanson se fond dans un faux-évanouissement. sérénade symphonique. Et vers la fin de ce long album labyrinthique, Segall propose Trois cloches» pièce culminante, « Denée », dont le titre constitue l’unique parole. Mais même s’il semble au départ que Segall pose une voix d’espace réservé ad hoc, il continue de répéter son nom jusqu’à ce qu’il s’épanouit en un mantra dévotionnel, qui éclate en un long jam de jazz cosmique qui ne ressemble à rien d’autre dans son canon sans fond. Ce n’est peut-être pas une sérénade de style « Oh Yoko ! » extérieurement sentimentale, mais « Denée » n’en est pas moins un hymne direct au pouvoir transcendantal d’un amour qui vous laisse à court de mots.
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