Ils ont troqué le bitume pour la pierre, et la ville pour un horizon de garrigue.
Dans une anfractuosité de falaise, la lumière méditerranéenne s’invite désormais chez eux.
« On voulait une vie plus dense, pas juste plus calme », confie Alice, yeux brillants.
Karim sourit : « On ne fuit pas Marseille, on choisit autre chose. »
Un an plus tard, leur maison troglodyte respire la chaleur et la simplicité.
Les murs de roche adoucissent le temps, et chaque geste semble plus présent.
Pourquoi tout quitter
Le duo a senti la fatigue des embouteillages et la pression des loyers.
Ils ont préféré une expérience à bâtir à une routine bien huilée.
« On rêvait d’un abri qui raconte une histoire, pas d’un simple toit », dit Alice.
Cette cavité sculptée par la géologie proposait une intimité incomparable.
Ici, la nature est voisine, pas une décoration.
Le silence devient une matière, et l’espace une conversation.
Le chantier troglodyte
Habiter la roche impose des règles aussi simples que strictes.
L’humidité veut des solutions discrètes, la ventilation des chemins précis.
Ils ont consolidé les voûtes avec des ancrages invisibles.
Un enduit à la chaux laisse la paroi respirer sans l’étouffer.
La chaleur se stocke dans l’inertie, puis se libère lentement.
L’été reste doux, l’hiver plus régalier qu’on le pense.
« Il a fallu apprivoiser la pierre, pas la dompter », ajoute Karim.
Le chantier a demandé de la patience autant que de la technique.
Budget, temps et concessions
Le couple a payé 230 000 € pour la grotte et le terrain.
Ils ont engagé 140 000 € de travaux, en gardant l’âme du site.
Entre artisans et autoconstruction, la durée a frôlé les douze mois.
Certains choix sont restés sobres, d’autres franchement audacieux.
Voici leur tableau comparatif des changements les plus marquants.
| Critère | Avant (Marseille) | Après (Maison troglodyte) |
|---|---|---|
| Bruit | Trafic et voisinage | Vent, oiseaux, pluie sur roche |
| Température | Pics de chaleur | Fraîcheur stable, inertie thermique |
| Loyer/Crédit | Loyer élevé | Crédit et entretien maîtrisés |
| Espace | Balcon étroit | Terrasses, patio, volumes creusés |
| Temps de trajet | 1h/jour | 15 min pour courses |
| Énergie | Climatisation fréquente | Poêle + ventilation passive |
| Sociabilité | Bars et cafés | Voisinage, ateliers, hôtes |
« On dépense moins en énergie, plus en entretien, et ça nous va », dit Alice.
La maison impose un rythme, mais offre une paix tangible.
Un quotidien réinventé
Le matin sent la sauge et la pierre fraîche.
Le soir, les murs renvoient une chaleur douce, comme une houle silencieuse.
- Ritualiser le bois, écouter la pluie, cuisiner lentement, et laisser la lumière dessiner la journée.
Les amis viennent pour un repas, restent pour une étoile filante.
Le lieu invite à la captation du détail, pas à la performance.
Design, écologie et usages
Ils ont façonné des meubles encastrés, sobriété organique et lignes ciselées.
Le bois de châtaignier réchauffe la palette de calcaire pâle.
Une cuisine se niche dans un renfoncement, comme une alcôve moderne.
La salle d’eau marie le tadelakt et l’eau sourde de la source.
Côté énergie, priorité à la passivité et à la mesure.
Un puits de lumière guide le soleil, une VMC douce équilibre l’air.
Le jardin cultive des aromates rustiques et des oliviers jeunes.
La pierre garde la fraîcheur, les abeilles gardent le rythme.
Ce que cela change
Ils accueillent parfois des voyageurs pour partager la sensation du lieu.
Karim anime des ateliers d’enduit à la chaux, Alice des stages de dessin.
« On a déplacé notre centre, pas nos envies », résume-t-elle simplement.
Leur temporalité s’est faite plus épaisse, moins éparpillée.
On sent une joie fiable, pas une euphorie passagère.
Leur maison n’est pas une capsule, c’est une conversation ouverte.
Ils ne regardent plus derrière, car l’avant est présent ici.
Dans la roche, la vie a gagné un grain, et une gravité douce.