Une famille française a vendu sa maison pour s’installer à Valence et vit un quotidien inattendu

Ils ont tout mis sur la table, vendu la maison et bouclé quatre valises, pour s’ancrer au bord de la Méditerranée. Ici, à Valence, le temps n’a pas la même texture.

On le déplie lentement, entre un café con leche à 10 h, une plage à 18 h, et des enfants qui rentrent de l’école au crépuscule. « On voulait du temps, pas des mètres carrés », glisse Léa, encore surprise par cette simplicité qui bouscule les repères.

Pourquoi tout quitter

Le couple, trentenaire, a troqué un confort prévisible contre une vie plus mobile. Martin travaille à distance et Léa a repris des missions plus légères, le tout orchestré avec une connexion solide et des horaires souples.

« On ne cherchait pas le soleil, on cherchait la respiration », dit-il, en pointant le parc du Turia, cette coulée verte qui remplace l’ancien lit du fleuve. Les enfants, eux, collectionnent déjà des mots en espagnol et des rires de cour.

Le quotidien qui surprend

Ici, les journées commencent doucement et s’étirent plus tard. On déjeune après 14 h, on dîne après 21 h, et personne ne s’en excuse.

Au marché central, les marchands emballent une paella fumante pendant que les voisins racontent la dernière Fallas. Les pétards claquent dans l’air, un bruit sec et joyeux, parfois déroutant pour des oreilles françaises.

Ce qui change vraiment

Dans les trajets, les vélos glissent le long du Turia, sous des ponts vénérables où les enfants composent des cachettes. On découvre les arrêts de Metrovalencia comme des stations d’un roman ouvert.

Une épicerie à minuit ouverte, un maillot qui sèche sur le balcon, un chat du quartier qui s’invite par pur hasard.

La réalité administrative

Il a fallu obtenir le NIE, s’« empadronar » à la mairie, ouvrir un compte, comprendre les cautions et les contrats. Rien d’insurmontable, mais tout demande un peu de patience et beaucoup de sourires.

« On s’est perdus entre deux bureaux, puis on a trouvé un agent qui a tout débloqué », raconte Léa, amusée par ces détours très espagnols.

Argent, espace et arbitrages

Le budget est devenu une boussole. Le loyer a remplacé le crédit, les abonnements ont fondu comme neige, et les sorties coûtent moins quand on se contente de tapas partagées.

L’appartement est plus petit, mais la ville fait office de salon. Le parc devient un bureau improvisé, la plage un terrain de jeu, et les librairies des abris paisibles.

Tableau comparatif

Aspect Avant (ouest de la France) Aujourd’hui (Valence)
Logement Maison avec jardin Appartement près du Turia
Coût de la vie Courses prévues Marchés, achats plus souples
Rythme Dîners à 19 h Dîners après 21 h
Sociabilité Portail qui se referme Voisins sur le palier
Transports Voiture indispensable Vélo et tram au quotidien
École Système bien rodé Bilingue, projets plus oraux
Météo Pluie régulière Soleil et chaleur dense
Admin Process clair mais strict Lignes floues mais flexibles

Les émotions mêlées

La joie s’invite avec des épices, mais la nostalgie passe sans préavis. On a parfois le cœur qui se serre devant un message d’un ami qui fête un anniversaire loin.

« On n’a pas perdu nos racines, on les a déplacées », résume Martin en regardant les lumières du quartier Ruzafa. Les appels vidéo deviennent des ponts tendres, et les billets retour des promesses timides.

Les inattendus, en vrac

  • Une propriétaire qui offre des oranges du patio en guise de bienvenue
  • Une sieste devenue règle sacrée après un été de 40°C
  • Des enfants qui corrigent la prononciation d’un mot castillan
  • Un voisin qui remplace un marteau par un « tu veux un café? »
  • Une panne Internet réglée par le boucher du coin, cousin du technicien

Ce que cela apprend

Apprendre une ville, c’est apprendre une langue qui dépasse les mots, avec ses rituels de balcon, ses chiens qui se saluent par habitude, ses supérettes ouvertes quand on a oublié la laitue.

On remplace l’avance par la confiance, la propriété par l’usage. On n’empile plus des choses, on accumule des moments. Et le quotidien, moins prévisible, devient plus habité.

Au fond, ce pari ressemble à un fil tendu entre audace et douceur. On gagne en lumière ce qu’on perd en certitudes, et l’on apprend à écouter les heures qui font des étincelles.

Valence n’est pas une carte postale, c’est une phrase en cours d’écriture, où chaque accent devient un choix assumé. « On n’a pas changé de vie, on a changé de rythme », souffle Léa, tandis que le soir s’étale comme une nappe, prête pour une autre histoire à partager.