Baronne : Critique de l’album Stone | Fourche

Quelques minutes après le solo béni de Gleason, par exemple, « Last Word » erre dans un lavis répétitif de jazz électrique, comme si Baroness ne savait pas où aller. Ces pièces individuelles sont assez intéressantes, bien sûr ; note pour note, Baroness reste l’un des groupes les plus remarquables et les plus compétents à l’intersection du heavy metal, du hard rock et du psychédélisme. Mais c’est Baroness comme un prog décousu, leurs chansons désormais composées de pièces détachées rouillées qui ne fonctionnent pas ensemble. « Anodyne » est une chanson rock bondissante, sa marche à quatre sur le sol renforçant un formidable crochet de Baizley. Cependant, alors qu’il plonge et plonge dans des pannes, des ponts et des solos assortis, Baroness ne capitalise jamais sur sa propre puissance, ne se submerge ni même ne s’exalte. Puis ça s’arrête, comme si la bande et les idées étaient tout simplement épuisées.

Baroness essaie quelques sons nouveaux, mais ils ne font pas beaucoup mieux. Très tôt, ils consacrent un quart de l’album à une suite de trois chansons qui pourrait être le point le plus bas de leur carrière. Sonnerie d’un jam de Clutch trop pointilleux, « Beneath the Rose » claque dans « Choir », un récit oral risible sur la maîtresse de Satan murmuré au-dessus d’une improvisation élémentaire de Motorik. Le triptyque se termine, heureusement, par un adieu folklorique d’une minute qui pourrait ont réalisé une mixtape lo-fi Shrimper Records au cours d’une année creuse. Vous pouvez presque imaginer la baronne dans son Airbnb des Appalaches, jetant des objets contre le mur juste pour faire semblant qu’ils sont coincés.

Les chansons deviennent plus fortes vers la fin. Avec son préambule acoustique désespéré cédant lentement à un aplomb criant, « Magnolia » convoque un corps frêle se glissant dans une armure extravagante gravée, formidable mais délicate comme l’ont toujours été les meilleures chansons de Baroness. « Under the Wheel », écrit par le bassiste Nick Jost, emprunte un chemin dynamique similaire, du sombre au piétinant. Mais ses textures – dissonance hachurée, fausset flottant, lignes de basse lissantes – semblent fraîches pour Baroness.

Même le plus proche acoustique, « Bloom », est un correctif pour la babiole à six cordes qui commence Pierre, un espace réservé qui, même Baizley admet, n’était guère plus qu’un créateur d’ambiance. «J’ai perdu mon sceptre/j’ai perdu mes ailes», roucoulent Baizley et Gleason dans ce doux petit hymne campagnard du retour des mortels. « Laissez-moi une vie simple. » Au moment où un doux collage sonore marque sa fin, Pierre on a l’impression d’avoir écouté une mixtape d’une demi-heure des épaves passées de la baronne juste pour arriver, peut-être, à une suggestion de 15 minutes sur son avenir.

Baizley envisage souvent l’oubli et la fin pendant Pierre, avec les cloches qui sonnent, les soleils qui se couchent et les bûchers qui brûlent. Mais vers la fin de « Under the Wheel », le vainqueur incontesté de l’album, il chante « Alors prends le meilleur d’entre nous/Et brûle le reste », étirant les syllabes dans un refrain inattendu qui semble optimiste, comme s’il attendait avec impatience de la sérotinie qui peut accompagner le feu. Il y a là au moins un soupçon de concession pleine d’espoir, de dépassement d’une station temporaire en reconnaissant que quelque chose doit changer. Il ne leur reste plus qu’à mettre le feu aux morceaux du passé dont ils n’ont plus besoin.