Caterina Barbieri: Critique de l’album Myuthafoo

Aucun synthétiseur ne signale autant le psychédélisme que la combinaison d’un arpège et d’un délai. L’arpège divise un accord en séquences de notes en boucle. Le délai permet à ces séquences de se chevaucher. Une fois mis en mouvement, l’appariement peut sonner comme une galerie de miroirs s’éloignant vers l’infini. Lorsqu’il est employé par des dilettantes, c’est un truc simple qui fatigue vite, mais entre de bonnes mains, c’est magique. Caterina Barbieri est une sorcière – et elle connaît également beaucoup d’autres sorts.

Musicienne italienne basée à Milan, Barbieri enregistre depuis le milieu de la vingtaine. Maintenant âgée de 33 ans, elle est prête à regarder en arrière. Son dernier, Myuthafoosert de compagnon à son album de 2019 Calcul extatiqueà l’origine aux Editions Mego. Myuthafoo apparaît sur le propre label de Barbieri, années-lumière, qui doit être réédité Calcul extatique. Myuthafoo suit le modèle de cet album, réussissant à être serré (six titres en seulement 32 minutes) et long en même temps. Le disque précédent avait une plus grande variété et incluait des voix – ou du moins des sons vocaloïdes. Myuthafoo il est plus sûr de lui, plus contrôlé, moins maladroit. (Encore une fois, le synthé pop cinglant de Calcul extatique« Pinnacles of You » est peut-être votre truc.)

Dans le passé, Barbieri a régulièrement joué avec sa voix. Dernières années Sortie spirituelle rappelait le bricolage magistral d’Auto-Tune, comme si Max Headroom produisait Kate Bush. Mieux encore était l’album 2014 de Barbieri Verticalune sortie richement sombre d’intonations glottales superposées – les rituels gothiques tuvans de Diamanda Galás mis en œuvre par la grand-mère ambiante Hildegarde de Bingen.

Myuthafoo, cependant, se passe entièrement de voix, et c’est mieux pour cela. L’absence de chant met en avant les synthés de Barbieri. Une partie de la merveille de Myuthafoo n’est pas seulement la façon dont elle séquence; C’est quoi. Les tons de « Sufyosowirl », entendus à haute voix, sont épais et sirupeux, mais aussi sans frottement, ne laissant aucun résidu collant.

Alors que nombre de ses pairs aspirent esthétiquement au minimalisme sympathique de, disons, La Monte Young ou Michael Nyman, Barbieri vise des hauteurs plus tumultueuses. Beaucoup de Myuthafoo suggère qu’elle serait plutôt l’équivalent synthétiseur de Franz Liszt ou de Sergei Rachmaninoff. Cette musique parle d’une faim, parfois pour quelque chose de bruyant, d’exubérant et d’extraverti; à d’autres, il y a un désir émotionnel sans vergogne.

Elle signale cette envie dès le début, avec « Memory Leak ». D’une durée de seulement 78 secondes, c’est moins une chanson qu’une ouverture, une fanfare. Cela ressemble au genre de chose qu’une arène massive ferait exploser lorsque la tête d’affiche monte sur scène, les lumières Klieg tournent et le brouillard théâtral remplit la salle.