En 2010, les punks chino décousus d’Abe Vigoda partageaient un producteur avec Beach House, des dates de tournée avec Vampire Weekend et un revivalisme cinématographique des années 80 avec les groupes les plus en vogue de l’année. Avec son « punk tropical » hyperkinétique drapé de Belle en rose pastels, Écraser était l’album le plus attrayant commercialement sorti de la salle DIY de Los Angeles, The Smell, et, par conséquent, le plus grand défi à sa philosophie égalitaire. Mais la question de savoir si Abe Vigoda visait réellement l’or restait discutable : ils se séparèrent discrètement un an plus tard et Écraser restait un joyau caché qui ne ressemblait à rien d’autre. Du moins jusqu’à maintenant, alors que Michael Vidal et Juan Velasquez se réunissent dans le rôle de Cupidon et Psyché sur le séduisant Musique romantique, sonnant comme « le prochain album d’Abe Vigoda » mais avec une perspective sobre et mesurée qui a nécessité encore une décennie pour y accéder.
Alors que Vidal et Velasquez continuent d’exploiter les sons les plus populistes du post-punk de l’ère Thatcher, Musique romantique ne va pas être confondu avec « sophisti-pop ». La complexité musicale du duo semble naître davantage de l’intuition que de l’artisanat capricieux, une ligne de guitare soupirante se mêlant à une autre, laissant juste assez d’espace pour que les mélodies vocales diffuses et peu orthodoxes de Vidal puissent se tisser. À l’exception du refrain captivant du premier single « Angels on the Phone », les accroches n’arrivent pas par une dynamique sismique ou une mélodie ceinturée, mais plutôt par de légers coups de coude qui lèvent le rideau sur l’ambiance uniformément sombre ; soyez témoin des changements d’accords piquants dans « Anxiety’s Rainbow » ou d’un léger mélange dans les rythmes de « Datura Sketch ». Musique romantique est à son meilleur lorsque son son principal se rapproche des années 90 et se pare de cachemire en niveaux de gris, comme si The Cure revisitait leur Foi-ère sombre tout en essayant de compter avec les rythmes tordus de melon de Madchester.
La dépendance aux boîtes à rythmes prend fin Musique romantique un son plus spécifique à une époque que Écraser, mais aussi moins distinctif. Qu’il s’agisse de la nature du projet comme d’une jam session née d’une pandémie ou du simple résultat inévitable d’un recommencement sans section rythmique, Musique romantique Il manque l’élan fébrile de l’engouement ou de la dévastation, trop souvent enfermé dans une gamme étroite et sourde de timbre et de tempo.