Jessy Lanza: Critique de l’album Love Hallucination

La musique de Jessy Lanza porte un air d’intimité indélébile et chargée. Le producteur né en Ontario aime s’enfermer dans un endroit idéal au moyen de paroles suggestives livrées dans un fausset chuchotant et une basse rythmée et claquante qui pompe comme du sang. Son toucher léger a gagné une confiance nerveuse sur les jeux ludiques de 2020 Tout le temps, oscillant entre confessions vulnérables et apartés fantaisistes sur un fond énergique et métamorphosé. Sur son quatrième album, Hallucinations d’amourLanza se penche sur sa vision du club-pop, du R&B et du jeu de jambes à faible éclairage avec encore plus d’assurance, trouvant de la valeur à la fois dans la luxure débridée et le chagrin compliqué contre un collage d’électro-pop hypnotique et d’acier.

Comme avec Tout le temps, amour Hallucination marque une autre période de changement dans la vie itinérante de Lanza. Après avoir déménagé de New York à San Francisco, elle s’est maintenant installée à Los Angeles, un lieu qui informe l’ambiance aérée et souple du nouvel album. Elle apporte une lentille observatrice au désir capiteux, associant ses découvertes à des crochets pop simples et immédiatement attrayants. « Je ne suis pas douée pour dire non », admet-elle sur « Limbo », une coproduction optimiste avec le DJ allemand Tensnake qui canalise la ruée d’une aventure irrésistible dans une ligne de basse élastique et des chœurs sucrés. « Oh.” «Midnight Ontario», une ballade R&B coproduite par Jacques Greene, tourne en deux temps jusqu’à son refrain hypnagogique en plein écran. Cela confirme le succès de l’album en rejoignant le style décontracté de Lanza avec d’autres producteurs désireux de plier les influences du club pour s’adapter à sa présence légère.

Janet Jackson a longtemps été l’une des stars du nord de Lanza, mais la comparaison est particulièrement frappante à travers Hallucinations d’amour. Elle s’inspire plus que jamais de la sensualité fringante de la superstar sur « Marathon », une vedette pailletée et claquante des doigts écrite à l’origine comme une démo pour un autre artiste. Lanza le transforme en quelque chose de dynamique et extérieurement lubrique; l’entraînement sensuel culmine avec un solo de saxo extatique et surprenant qu’elle a joué elle-même. (« Montrez-moi que vous pouvez le courir comme un marathon », chanté dans une douce mélodie, se classe parmi les refrains les plus mémorables de Lanza.) Sur le rêveur « Casino Niagara », elle canalise Jackson sur un rythme retardé et une basse hochant la tête qui maintiennent un rythme inégal derrière paroles sur une relation brisée. « Quand tu es proche, ça me donne envie / je veux juste le brûler », murmure-t-elle.

à travers Hallucinations d’amour, l’incertitude et le doute de soi jouent contre une confiance en soi sournoise. L’ouvreur « Don’t Leave Me Now », inspiré par l’expérience de Lanza d’avoir failli être heurté par une voiture à Los Angeles, s’accélère doucement alors que Lanza entonne ses angoisses, ne se calmant jamais bien avant que le rythme ne change. Elle atteint une véritable enjambée sur «Don’t Cry on My Pillow», un baiser auréolé de voix de fond gazouillis. « N’appelle pas ma mère/… Ne joue pas mon Rhodes », fulmine-t-elle à un ex, coiffant une liste salée de « à ne pas faire » avec une révélation de force : « Ne me dis pas que je suis trop douce sur moi-même ou sur qui que ce soit. L’humour calme et la résilience personnelle sont des fils conducteurs, même dans les moments les plus obliques de l’album; la ballade de synthé gonflée « I Hate Myself » reprend les paroles d’autodérision d’une chanson de Prefab Sprout (« Je me déteste/Tu es tellement cool ») et les transforme en un mantra doux-amer et relaxant. C’est un répit avec un flair irrévérencieux et des rides de production subtiles, comme lorsqu’elle laisse tomber la toux filtrée occasionnelle dans le mélange.