Avec une population légèrement plus nombreuse que celle de la Californie et une économie à peu près de la même taille que celle du Brésil, le Canada n'est pas souvent considéré comme un poids lourd culturel mondial. Cependant, un nouveau rapport indique que lorsqu’il s’agit de musique en streaming, c’est certainement le cas.
Les artistes canadiens se classent au troisième rang, derrière les artistes américains et britanniques, pour leur part des 1 000 meilleurs singles au monde, selon un nouveau rapport d'un ancien Spotify Économiste en chef Page de volontéqui utilise principalement les données du moniteur de marché Luminer. Page qualifie la troisième place du Canada (ainsi que la huitième place de l'Australie) de « réalisation incroyable ».
Et il n'y a pas que les superstars Canard et Le weekend qui sont responsables de ce succès : utiliser Spotify Nid d'écho données de renseignement sur la musique, le rapport a montré que de nombreux artistes canadiens sont actuellement populaires dans le monde entier, de Tate McRae et Sum 41 à Nelly Furtado et Tory Lanez.
Page attribue une bonne partie de ce succès à la nature mondiale de l’écosystème du streaming musical.
« Sans le streaming, par exemple, il est peu probable que nous voyions deux artistes canadiens chanter en pendjabi trois des dix chansons les plus populaires en Inde », a-t-il écrit.
Mais le rapport prévient que les projets du gouvernement canadien visant à réglementer les services de diffusion de musique en continu afin d'encourager la prééminence de la musique canadienne pourraient se retourner contre eux, si les régulateurs adoptent une approche trop sévère dans leur approche.
Citant des données du IFPIc'est Rapport mondial sur la musiquel'analyse de Page – qui a été réalisée pour Musique Canada, un groupe commercial de l'industrie de la musique enregistrée – a souligné que le Canada demeure l'un des dix principaux marchés mondiaux pour les revenus de la musique enregistrée. La croissance du pays en matière d'abonnements au streaming (en hausse 8,4% en 2022) dépasse celui observé aux États-Unis (+ 5,8%).
« Sans le streaming, par exemple, il est peu probable que nous voyions deux artistes canadiens chanter en pendjabi trois des dix chansons les plus populaires en Inde. »
Will Page, rapport sur la Loi canadienne sur la diffusion en continu en ligne
Et les revenus de la musique enregistrée au Canada ont connu un rebond remarquable après l’ère du piratage musical – bien plus fort que dans de nombreux autres marchés développés, avec des revenus ayant doublé depuis 2014, pour atteindre 792 millions de dollars canadiens (608,6 millions de dollars américains) en 2022, selon l'IFPI.
« Nous devons comprendre que très peu de marchés développés peuvent égaler cette affirmation dans un laps de temps aussi court », a écrit Page.
Cependant, « les dépenses par habitant du Canada en musique enregistrée (20,03 $) est loin derrière son voisin du sud (42,78 $) », note le rapport.
Et lorsqu’il s’agit de musique canadienne consommée au Canada, les chiffres ne sont pas aussi impressionnants que ceux du reste du monde. Le rapport de Page révèle qu'environ dix% de la 10 000 titres les plus écoutés au Canada étaient canadiens, et un nombre similaire dix% des artistes parmi les 10 000 titres les plus populaires étaient canadiens.
Cela se compare défavorablement au Royaume-Uni, par exemple, où environ 40% La musique diffusée en streaming la plus populaire est d'origine nationale, note le rapport, citant les données du Industrie phonographique britannique (IPB).
Cependant, même si les Canadiens consomment beaucoup plus de musique étrangère que de musique nationale, ils semblent néanmoins soutenir leur industrie locale. Dans un récent rapport, Luminate a noté que les Canadiens « soutiennent fortement les artistes locaux, avec 71% des auditeurs de musique interagissant avec la musique du Canada en 2023, par rapport à 66% en 2022. »
Néanmoins, c'est la relative faiblesse de la musique canadienne à l'intérieur du Canada qui a poussé le Parlement canadien l'année dernière à adopter une nouvelle loi, la Loi sur le streaming en lignequi cherche à étendre la réglementation du « contenu canadien » de la diffusion au monde du streaming en ligne.
Les radiodiffuseurs canadiens ont depuis des décennies le mandat d'inclure une certaine quantité minimale de contenu canadien et de contribuer aux fonds qui distribuent de l'argent aux sociétés de production et aux créateurs canadiens.
Alors que de nombreux groupes de l’industrie du divertissement ont soutenu la loi sur le streaming en ligne, de nombreuses entreprises de nouveaux médias et de technologie s’y sont opposées, affirmant que de telles règles « CanCon » sont irréalisables dans le monde ouvert et mondialisé d’Internet. Et étant donné le fonctionnement des algorithmes de découvrabilité, ces règles pourraient en réalité se retourner contre vous.
C'est un argument repris par Page dans son rapport, qui présente un certain nombre d'options sur la façon dont le CRTC, l'organisme de réglementation de la radiodiffusion du Canada, pourrait aborder la question de rendre obligatoire CanCon sur les services de diffusion de musique en continu.
Si le CRTC choisissait de réglementer directement le marché, comme il l'a fait pour la télévision et la radio, cela pourrait avoir pour conséquence involontaire de limiter la capacité des artistes canadiens à devenir un phénomène mondial, a soutenu Page.
« Pour illustrer ce point, remontez le temps et pensez à votre magasin de disques local : s'il a remarqué que vous avez acheté un album d'un groupe canadien prometteur, plutôt que de dire 'vous aimeriez aussi cet incroyable groupe britannique,' » Réguler l'algorithme pourrait être comparé à restreindre le propriétaire du magasin à dire » vous pourriez aimer cet autre groupe canadien un peu similaire » « , a écrit Page.
« Le risque est que les petits poissons canadiens soient jumelés uniquement à d'autres petits poissons canadiens – ce qui est exactement ce que les artistes ne veulent pas : une petite cohorte avec une portée géographique limitée… Comme Groupe de musique Nettwerk le souligne, les gains nationaux pourraient entraîner des souffrances internationales involontaires.
Une autre source de « douleur internationale » pour les artistes canadiens, selon le rapport de Page, pourrait être la tendance croissante à glocalisation – la musique en langues locales devient de plus en plus populaire sur divers marchés nationaux à travers le monde, réduisant ainsi la part de la musique de langue anglaise dans le monde.
« Pour les artistes canadiens anglophones et francophones, la route vers le succès à l’exportation européenne est sur le point de se compliquer. Pour naviguer dans ces forces du marché, il faudra peut-être l’aide de l’État – sous la forme d’une stratégie d’exportation de musique à l’épreuve du temps », indique le rapport.
(Page devrait connaître une ou deux choses à propos de la glocalisation : il est en grande partie responsable de la popularisation du terme, ses rapports de ces dernières années notant la hausse de la popularité de la musique en langue locale.)
Cependant, le Canada a un avantage en matière de glocalisation : ses communautés d'immigrants nombreuses et diversifiées, qui ont des liens avec leur pays d'origine. Par exemple, le rapport souligne que le pendjabi est désormais la troisième langue la plus utilisée pour les chansons canadiennes (3%), derrière seulement l'anglais (75%) et français (20%).
Le pendjabi est « actuellement la langue musicale qui connaît la croissance la plus rapide au Canada, grâce au succès d'artistes comme Ikky, Karan Aujlaet AP Dhillon», note le rapport.