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5.
Nala Sinephro : L'infini
À travers L'infini, Deuxième album de Nala Sinephro, ses arrangements se construisent et se dissipent pour révéler l'arpège d'ancrage du disque, qui lui-même se transforme tout le temps, passé comme un bâton entre le synthé, le piano et la harpe. Il s'agit d'un journal de moments liminaires, brouillant l'espace entre l'ensemble orchestral et le projet d'ambiance de chambre. Sinephro ne se limite pas à être harpiste, synthétiseur et chef d’orchestre : elle devient artiste de collage.
Au fil de ses constantes transformations, L'infini est toujours compositionnel. Son unité de base n’est pas l’accord bourdonnant, mais plutôt la phrase articulée – aussi sereine soit-elle, il s’agit d’une musique de déclarations, pas de simples paysages sonores. Ses mélodies fractales canalisent autant les nouilles modulaires modernes que les solos de jazz classiques. Pourtant, Sinephro crée un habitat pour chacun de ses musiciens, dont beaucoup sont basés sur la scène d'improvisation du sud de Londres, ce qui donne aux idées incessantes du LP un rythme humain. À la fois rêveurs et délibérés, expansifs et ciblés, les dix titres de cette collection se déroulent comme pour pointer vers le sens même du mot. infinité: On voit l'impossibilité de ce concept, mais Sinephro nous donne l'impression qu'il est à notre portée. –Daniel Felsenthal
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4.
MJ Lenderman : Feux d'artifice
Feux d'artifice se déroule comme une collection de grands succès. Chaque ligne est une courte histoire. Ses plaisanteries sont profondes, sa sagesse ridicule, son irrévérence aux yeux écarquillés et irrésistible. C'est un disque si instantanément élémentaire qu'on se sent obligé de chanter chaque riff de guitare, de déchirer chaque mélodie, de citer des paroles comme « partir en vacances amène le pire de tout le monde » comme mantras. Sur son quatrième album solo, MJ Lenderman, le rocker sudiste tragi-comique du moment, canalise des héros comme David Berman and the Band mais remplit ses chansons lapidaires de spécificités horodatées (Héros de la guitareune smartwatch qui voit tout, la « péniche amarrée au Himbo Dome » qui mérite une plaque de dédicace dans l'imaginaire collectif de 2024) qui rendent son personnage effacé et moderne. Les protagonistes perdus des bangers frits à la campagne de Lenderman ressemblent souvent à des divorcés d'âge moyen contrariés qui peuvent ou non se ressaisir tout en suscitant de l'empathie ; « occuper des feux d'artifice » ressemble en fin de compte à une allégorie de l'émerveillement enfantin qui pourrait bien ralentir l'exploration imparable du bébé à l'imbécile. Cette crainte ludique brille dans la magnifique dissonance d'un violon, la grâce solitaire d'une clarinette, une excursion de drone noise adorant Sonic Youth sur une chanson qui dit « Ne déménagez pas à New York », rien de moins ! Séduisant, drôle, exubérant et vrai, l’alchimie est parfois parfaite pour un classique moderne. –Jenn Pelly