Mette Henriette: critique d’album à la dérive

Au cours des huit années qui se sont écoulées depuis qu’elle premier albumsaxophoniste et compositrice, Mette Henriette s’est occupée : elle a occupé des résidences au Southbank Centre et Ekely d’Edvard Munch, présenté lors de la soirée d’ouverture du Festival de jazz de Berlin, a été commandé par l’Orchestre philharmonique d’Oslo et Cikada, et a collaboré avec l’artiste conceptuelle Marina Abramović. Maintenant, avec son deuxième LP, Dérivela musicienne sami-norvégienne introduit un nouveau degré de subtilité et de sérendipité dans son travail.

Les débuts d’Henriette étaient expansifs, couvrant 35 pistes avec l’aide d’un ensemble de 13 personnes. Dérive est également structuré autour de courtes vignettes entrecoupées de morceaux plus longs, mais cette fois il n’y a que 15 chansons, et la programmation s’est réduite à un trio. Dépouiller son approche donne un plus grand sentiment d’intimité. Chaque musicien de ce groupe – Johan Lindvall au piano, Judith Hamann au violoncelle et Henriette elle-même au saxophone – semble avoir un objectif distinct, mais leur jeu est uniformément doux, lyrique et émotionnellement résonnant. Enregistré au Munch Museum d’Oslo et produit par le fondateur d’ECM, Manfred Eicher, Dérive se sent autonome, mais non limité par les pressions du temps.

Un air terre-à-terre et méditatif imprègne la musique, malgré son caractère improvisé. Le jeu de Lindvall est au cœur de ce tempérament : dans la plupart des morceaux, il pose un simple motif répété, mélodique ou rythmique, qu’Henriette et Hamann ponctuent au saxophone et au violoncelle. Son ancre stable fournit la sécurité qui permet aux deux autres joueurs de se promener. Dans « Across the Floor », les accords de Lindvall établissent une valse lente et sombre alors que Hamann s’incline avec nostalgie et que le saxophone d’Henriette virevolte capricieusement. La pièce évoque l’image de deux corps se balançant ensemble – l’un avec des mouvements délibérés, l’autre avec fantaisie – au rythme d’un piano assis dans le coin d’un studio de danse poussiéreux.

Henriette continue de montrer un intérêt à pousser les instruments au-delà de leurs rôles habituels, en utilisant techniques étendues pour ajouter des sons et des textures inattendues. Dans l’intermède stérile « 0° », elle manipule l’air du saxophone pour créer l’effet d’un vent froid et creux, comme si elle avait enregistré dans un congélateur de plain-pied. Cette palette se poursuit dans «Solsnu», qui ajoute des ornements de bois crépitant du violoncelle, complétés par des figures de piano graves et patientes qui entrent et sortent à l’unisson avec le saxo, comme si les deux passaient des trains.

Dérive invite le curieux sentiment que le temps s’est arrêté. Mais il y a des cas où la répétition menace de devenir monotone, et la musique se sent coincée dans sa propre cyclicité. Pendant plus de la moitié des plus de six minutes de « Oversoar », le piano dissonant réitère les explosions hoquetantes sur le violoncelle bourdonnant; les figures de piano tourbillonnantes de « I villvind » rappellent des passages des « Voiles » de Debussy, mais leur acharnement devient lassant. Même dans les moments relativement stagnants de l’album, la curiosité musicale d’Henriette reste évidente. Il y a un certain réconfort dans l’énergie passive de l’album, qui se déploie subtilement au gré de son propre chronométrage. Il est clair que les pièces d’Henriette ne demandent pas d’attention, mais de patience et d’ouverture d’esprit.

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Mette Henriette : Dérive