Popcaan: Great Is He Critique d’album

La musique de Popcaan est badigeonnée de douceur. Andrae Sutherland a un don pour les flux brillants et élastiques, ce qui en fait un singjay – un artiste reggae ou dancehall au style ultra-mélodique – à l’état pur. Son hymne indélébile de 2014 « Everything Nice » donnait l’impression de siroter un rhum glacé et Red Bull à la lumière du jour de Kingston, les rayons du soleil un baume chaud pour les virages pénibles de la vie quotidienne. Mais sur son cinquième album studio, Grand est-il, cette luminosité n’est pas agréable ; c’est accablant. La production semble souvent languissante et homogène, produisant une bouillie laborieuse et monotone. Loin des frissons pop et des escapes rap des années 2020 RUBAN FIXE, Grand est-il est un disque trop doux embourbé par des rythmes répétitifs, des thèmes familiers et une sentimentalité forcée.

Les quelques moments de prix sur Grand est-il arrivent quand Popcaan s’appuie sur des fioritures dancehall classiques ou des collaborations efficaces. « Set It » ressemble au sommet explosif d’un mégamix bashment des années 90, avec des coups de poing de basse qui font frire les haut-parleurs et des come-ons en sueur: « Waistline likkle, mama, you so curvy. » « Aboboyaa », la deuxième collaboration de Popcaan avec Burna Boy, met en lumière son talent pour les collaborations harmonieuses, reliant les généalogies musicales afro-diasporiques partagées du Nigeria, du Ghana et de la Jamaïque. Son titre fait référence au terme ghanéen désignant un tricycle utilisé pour transporter des marchandises, mais Popcaan le transforme en une métaphore d’une femme le chevauchant dans son lit. C’est estival et ludique, et un chœur de klaxons trompe sous la production Afrobeats, comme s’ils retentissaient d’un autoradio dans les rues d’Accra. « New Benz » et « Freshness » sont des odes sybaritiques aux voitures de luxe et aux coupes propres de Gucci, des flexions familières rendues électriques par les échos percutants d’un riddim fiévreux et la sonnerie d’un tambour en acier.

Pourtant, il est facile d’oublier ces éclairs de joie face aux histoires banales de chiffons à la richesse du disque. Il n’y a rien de mal avec un hymne qui arrive, mais sur Grand est-il, l’exécution est trop superficielle. La chanson d’ouverture, « Defeat the Struggle », se présente comme une introduction de motivation obligatoire plutôt qu’une véritable victoire. « St. Thomas Native », « Appreciation » et « Past Life » sont si stéréotypés que vous vous demandez presque s’ils ont été conçus à l’aide d’un didacticiel de type beat sur YouTube ; il y a des crescendos de cordes larmoyants, des grattements de guitare séveux et des lignes de piano déchirantes tirées tout droit d’une bande-annonce pour un drame de Hallmark Channel. L’avant-dernière piste, « Memories », une ode aux défunts proches de Popcaan, est tachée de paroles fragiles et d’un pont rebattu; « Croyez-moi, ça va aller, ça va aller » est loin de l’approche typiquement subtile et fondée de Popcaan sur les questions d’espoir radical et de spiritualité. Et quand Sutherland chante « Life a nuh joke like Kung Fu Panda« , vous pourriez involontairement faire une grimace de déception.

Près d’une décennie s’est écoulée depuis son premier album D’où nous venons a établi Popcaan comme un artiste capable de nager entre les eaux de la pop et du dancehall, affichant son sens du récit et sa verve dans les modèles ensoleillés du genre jamaïcain. Il a été une bouée de sauvetage pour Drake lorsque le rappeur canadien a épuisé ses propres énergies créatives, siphonnant d’abord une partie de la magie de Popcaan pour une version inédite de « Controlla » et via un extrait sur « Too Good ». Cet impact est atténué sur Grand est-il; la collaboration qui apparaît ici, « We Caa Done », donne l’impression que la paire rechape un vieux terrain juste par nostalgie. Le dancehall est un genre axé sur les singles, mais Popcaan brille souvent dans le format de l’album, il est donc regrettable que bon nombre de ces 17 chansons soient si ternes. Pour un genre ancré dans la joie et la convivialité, la déception est difficile à ignorer.