The Antlers : Critique de l'album Blight

Le 7 juin 2023, le ciel de New York est devenu orange. Des millions de personnes ont levé les yeux vers le haut pour découvrir l’air épais d’une fumée âcre, l’odeur des incendies de forêt ayant dérivé vers le sud du Canada. En ce qui concerne les perturbations climatiques, elles étaient considérablement plus alarmantes que le temps chaud de novembre, mais pas aussi menaçantes qu’un incendie ravageant votre ville. Pour de nombreux habitants de la côte Est, c’était tout simplement surréaliste. Le ciel était épais et doré et, le plus étrange de tout, les corvées de la vie quotidienne continuaient.

« Something in the Air », le deuxième single du nouvel album des Antlers, Fléaudécrit cet événement environnemental, ou un événement apparemment similaire. Si les Antlers ont acquis une réputation parfois injuste de groupe « triste », le chant funèbre et la tonalité mineure de la chanson ne feront changer d'avis personne. « Oh, gardez votre fenêtre fermée aujourd'hui », chante Peter Silberman, le leader de longue date du projet, d'une voix haute et enthousiaste. Mais au lieu de capturer le spectacle surréaliste d’un tel événement, ou d’affronter ses implications effrayantes, la chanson se vautre dans la banalité : « Oh, assure-toi de charger ton téléphone aujourd’hui/Oh, peut-être travaille-t-il à la maison aujourd’hui », chantonne le chanteur.

Depuis leur percée dans leur carrière, les Antlers sont connus pour une sorte de deuil musical qui ne craint pas les émotions dures. « Shiva », « Wake », « Putting the Dog to Sleep » : ce ne sont là que quelques titres appropriés que vous pourriez trouver sur une liste de lecture de démarrage. Longtemps associé à une tentative enthousiaste de prendre en compte le deuil privé, à savoir l'éclatement de l'ère des blogs en 2009 Hospicequi a utilisé un service de cancérologie comme décor pour des chansons déchirantes sur une relation en désintégration – Silberman tourne désormais son regard vers un deuil plus collectif. « Eco-deuil », pour être cliniquement précis. Fléaule septième album du groupe, est présenté comme un cycle de chansons sur la crise climatique. Ses neuf chansons bouillonnent d’effroi face à la pollution (« Pour », « Calamity »), à la complaisance (« Considérez la source ») et au spectre d’une catastrophe écologique (« A Great Flood »). Mais le matériau lent et douloureux évoque rarement l’urgence qu’exige ce sujet, ni la catharsis émotionnelle qui s’est propagée à travers les meilleures œuvres de Silberman.