Au-delà des strass Juicy Couture et des flashs TMZ de la culture des tabloïds des années 2000, il y a une autre façon, plus effrontée, de préserver les apparences : le glamour. La flamboyance arty se pavanait dans le complexe industriel ultra-pop, offrant une folie extravagante de la haute couture comme antidote à l’ego tordu des célébrités et à la sexualité viande-et-pommes de terre Abercrombie & Fitch. Considérez: Róisín Murphy dans une cuillère grasse, servant Margiela couture avec un côté de fascinateur. Kylie Minogue prend d’assaut la piste avec des sourcils roses à découvert, un groupe de reines extraterrestres en remorque. Une jeune Lady Gaga, un éclair apposé sur la joue, rêvant de sa renommée autoproclamée au moment où elle était sur le point de s’en rendre compte.
Considérez Alison Goldfrapp ! Avec sa crinière luxueuse et son regard de chat pénétrant, la chanteuse britannique a adopté plus de fanfaronnade glam-rock que presque n’importe qui dans sa cohorte. Avec son coéquipier Will Gregory dans le duo Goldfrapp, elle a opposé sa voix de miel et de venin à un trip-hop de mauvaise humeur, à une folktronica argentée et à une pop de stade époustouflante, revêtant et rejetant des identités avec aplomb. Après être descendu du sommet de fin de carrière de 2017 Oeil d’argent, un disque qui présentait le groupe sous son meilleur jour, le chanteur a ressenti le besoin d’une nouvelle possibilité. Après des passages en voiture à travers l’Amérique et dans l’est de Londres, elle a mis son partenariat avec Gregory sur la glace pour collaborer avec les producteurs Richard X et James Greenwood (alias Ghost Culture) sur L’invention de l’amourson premier disque solo et le premier en 25 ans de carrière.
S’il y a une qualité unique qui distingue cette Alison de la chanteuse de Goldfrapp, ce n’est pas particulièrement évident. L’invention de l’amour présente « Alison Goldfrapp, diva house », un pivot qu’elle ne vend pas totalement. D’une part, ce n’est pas si radical d’un départ et invite musicalement à des comparaisons avec d’autres meilleurs moments de son catalogue (et rien sur ce disque ne se rapproche de toucher « Ride a White Horse » ou « Alive »). Goldfrapp revendique également sa position dans un domaine impitoyablement encombré et l’album qu’elle a présenté n’est ni assez éclectique pour se démarquer ni assez dansant pour se défendre contre le purisme disco de Jessie Ware ou la starpower mégawatt de Beyoncé.
Il faut un interprète incroyablement flexible pour couvrir l’éventail des genres et des identités auxquels Goldfrapp s’est attaqué, mais sur L’invention de l’amour elle est souvent aussi accommodant, complétant plus souvent la production de Richard X et Greenwood plutôt que de la commander. Sur le rythme lancinant et inspiré de Moroder de la chanson titre, elle alterne entre un ronronnement sensuel et un vocodeur qui dissout les bords de sa voix en un murmure à peine audible. Cette piste bénéficie au moins d’une impulsion vertigineuse et cloutée de diamants; on ne peut pas en dire autant de « The Beat Divine » ou « Digging Deeper Now », qui roulent interminablement sous des couches de voix haletantes.