Frances est, musicalement, une bâtisseuse. Si ses premières œuvres évoquent les succès de Joni Mitchell au début des années 70, Niché dans les enchevêtrementscomme Gardiena plus à voir avec les délices byzantins de Hégire et encore plus à voir avec la grandeur sans vergogne du monde visionnaire de Laura Nyro. C'est une passionnée de rock progressif qui a exigé que le nom du souvent décrié Gentle Giant soit vérifié dans son communiqué de presse, une guitariste acoustique à accord ouvert qui comprend que son approche particulière du jeu permet à couche après couche de son de s'élever et de se déplacer autour d'elle.
Niché dans les enchevêtrements sonne souvent énorme et cher, des chansons comme « Falling From and Further » ou « Heavy Light » suggérant un ensemble orchestral expert. Mais il ne s'agit en réalité que de Frances, du producteur Kevin Copeland et de quelques amis, dont Daniel Rossen de Grizzly Bear, tous jouant de plusieurs instruments et, semble-t-il, se demandant souvent: « Mais comment pouvons-nous faire en sorte que cela se produise? » plus intéressant? » Même l'instrumental de deux minutes « A Body, A Map » – apparemment juste un intermède avant le dernier tiers transformateur de l'album – est un pays des merveilles de bravoure. Un drone électrique d’ouverture devient la base d’un tandem de riffs et de rythmes agité, magnétique et hypnotique dans leur emprise collective. C'est le genre de son nonchalamment captivant qu'un groupe de math-rock chevronné pourrait prier d'emprunter, mais ce n'est qu'un aparté pour Frances. Rien est passif sur Niché dans les enchevêtrementsrien de clair.
L'action musicale de Frances reflète la quête personnelle qui fait Niché dans les enchevêtrements si convaincante, plus qu'une simple série de mouvements musicaux éblouissants ou de griefs privés rendus publics : dépasser le malheur et le chagrin de son éducation, devenir plus qu'une telle vie devrait permettre. Le squelette du disque est « Life's Work », le morceau le plus vif et le plus accrocheur du catalogue de Frances. « Malgré tout, apprendre à faire confiance est le travail de la vie », propose-t-elle dans le refrain, sa voix se transformant en un cri à ce dernier instant, rappelant à quel point le travail de confiance peut être difficile. Ensuite, il y a « Steady in the Hand », une chanson d'amour élégiaque où Frances se rend compte qu'elle a déjà été témoin des limites dudit amour, que le meilleur a déjà été. « Il faut vivre et perdre pour savoir ce qui compte », chantonne-t-elle après le point culminant : « L'amour brise les bords et m'adoucit à nouveau. » La déception, la colère et le découragement parsèment ces neuf chansons, mais c'est l'éclair de pure grâce de Frances, car elle voit les échecs des autres comme une opportunité de s'améliorer. C'est un air renfrogné qui se transforme au moins temporairement en un sourire très doux.