James Devane : Recherche d'une critique d'album

Au cours des 14 années séparant son premier et son deuxième album solo, James Devane a complètement réorganisé son son et les méthodes qu'il a utilisées pour y parvenir. Où sont les années 2008 St construit des drones tourbillonnants à partir de guitare en boucle, son suivi de 2022, La beauté ne sert à rien associant des coups de synthé denses et moelleux aux rythmes tendus de la techno. Avec la suite beaucoup plus rapide Recherche, on commence à avoir l'impression que Devane prend l'habitude de réinventer son approche à chaque sortie. On ne sait pas exactement comment il a créé la musique ; le label note vaguement des heures de matériel source (vraisemblablement celui de l'artiste) exécuté via un logiciel personnalisé et transformé en morceaux qui jouent rapidement et librement avec la clé musicale, le tempo et le rythme. Toute cette complexité semble se cacher sous une interface inhabituellement simple : selon les mots de Devane, « un bouton de recherche et un bouton de sauvegarde ».

Lorsqu’un artiste remet les rênes du logiciel – une pratique peu inhabituelle en 2024 – il n’est pas toujours clair où s’arrête la technologie et où commence la créativité humaine. Pourtant, des similitudes entre La beauté ne sert à rien et Recherche– que Devane présente comme un complément à son prédécesseur – aide à localiser la personne dans le processus. Sur les deux disques, une qualité enfumée et clandestine s'accroche aux synthés et aux éléments rythmiques troubles, rappelant l'air morose qui imprègne le travail de Kassem Mosse et d'autres artistes du label allemand Workshop.

Si La beauté ne sert à rien était largement guidé par une impulsion 4/4 d'humeur égale, Recherche abandonne ce cadre au profit d’une expérience d’écoute beaucoup plus perturbatrice. Les morceaux les plus complets ont une qualité sinueuse et sans structure, interrompue par des fins abruptes et de brefs croquis – des explosions de bruit alarmantes de 10 secondes qui sonnent comme l'équivalent numérique du parcours d'une bande enregistrée le plus rapidement possible. C'est une analogie ludique qui met au premier plan le processus conceptuel de Devane, avec son accent apparent sur le parcours des sons trouvés.

Même dans l’ambiguïté cyclique de la techno, un manque de structure formelle peut être risqué, et Devane se penche sur le chaos. Sur Recherche, des séquences percussives croustillantes jouent les unes contre les autres dans des signatures rythmiques dépareillées, produisant une sorte de funk mutant. Pourtant, le bouclage forcé de ces éléments musicaux contraires, particulièrement visibles sur « One Place », exploite même les rythmes les plus disjoints dans des grooves étonnamment fluides. Aidées par le confort envoûtant des fleurs de synthé machine-soul, les boucles tenaces sont séduisantes, en elles-mêmes. manière étrange, même sans le confort d’un pouls conventionnel ou d’un récit de voyage.

L'effet discordant des perturbations rythmiques a son propre charme, mais les moments les plus stables du disque sont plus faciles à s'imprégner. La mélancolie envoûtante de « No More No Less » rappelle la qualité nostalgique et embrumée des albums révolutionnaires d'Actrice ; les similitudes avec la vision décentrée de la techno de Darren Cunningham abondent dans le bruit sourd et l'alias basse résolution de Devane.