D’Alice Coltrane à Joanna Newsom en passant par Mary Lattimore, une riche lignée d’artistes a cherché à libérer la harpe de ses rôles familiers dans la symphonie et l’église. Dans les univers du jazz, de l’ambiant, du classique ou encore de la musique électronique, l’instrument connaît une renaissance prolongée. Mais on l’entend encore rarement dans un contexte de groupe de rock. À la fois d’une taille peu pratique et d’un timbre délicat, l’instrument d’environ 90 livres a tendance à être éclairé et mis en valeur, et non fait pour lutter avec des guitares et des tambours. Sur le dernier album de Mikaela Davis, Et l’étoile du sudl’auteur-compositeur et chef d’orchestre basé dans la vallée de l’Hudson se lance dans ses expériences les plus émouvantes à ce jour en mélangeant les tons doux de la harpe dans un son rock pleinement réalisé.
Et l’étoile du sud met l’accent sur son approche de groupe complet dans tous les aspects, y compris le titre. Southern Star est le nom de l’ensemble – composé du batteur Alex Coté, du guitariste Cian McCarthy, du bassiste Shane McCarthy et du joueur de pedal steel Kurt Johnson – qui a soutenu Davis sur scène pendant une décennie. Et l’étoile du sud marque leur première apparition sur un disque avec elle, et leurs années de symbiose transparaissent dans la chimie facile de ces arrangements. Davis et le groupe travaillent à travers des passages de country alternatif robuste, de rock roots twangy, de psychédélisme de Laurel Canyon orné de cachemire et de choogle de jam-band, restant toujours ancrés dans l’interaction entre les instruments à cordes.
La relation entre la harpe de Davis et la guitare en acier de Johnson est particulièrement fascinante. C’est un plaisir d’entendre ces instruments – l’un de la chapelle, l’autre du honky-tonk – se faufiler les uns dans les autres, se rencontrant parfois en harmonie. La musique country n’est pas le centre d’intérêt de Et l’étoile du sud, mais c’est là que l’album brille. « Home in the Country » est aéré et pastoral, avec Davis et Johnson échangeant des mélodies principales sur un motif acoustique gratté. (Un effet vocal désintégrant dans sa moitié arrière est une agréable surprise, et l’une des rares touches résolument modernes de l’album.) « Saturday Morning » compose la même fréquence cosmique langoureuse que les Flying Burrito Brothers, tandis que « Don’t Stop Now » fait un clin d’œil au country-rock gorgé de soleil de Sheryl Crow.
La harpe de Davis donne à l’album une signature textuelle, mais c’est sa voix souple et faussement robuste qui donne leur forme aux chansons. Comme Crow, elle parvient à trouver une profondeur émotionnelle tout en sonnant monumentalement insouciante. Même lorsqu’elle chante sur la piqûre de l’amour fané, comme elle le fait sur des moments forts comme « Far From You » et « Promise », elle a l’air de dispenser la sagesse d’une chaise de plage. Sa prestation décontractée masque presque l’étrange configuration de Et l’étoile du sud, un contraste qui semble délibéré. La harpe n’a pas rencontré beaucoup de succès grand public en tant qu’instrument principal, mais ces chansons chaleureuses et invitantes la rendent possible. Hon Et l’étoile du sudDavis et ses compagnons de groupe font un choix audacieux d’instrumentation qui devient une partie intégrante et intuitive de leur rock’n’roll.
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