La musique de Zsela est enracinée dans l'intimité, un terme qui décrit à la fois une profonde proximité et qui sert d'euphémisme pour « putain ». Dans le cas du premier album de l'artiste basé à Brooklyn, Grand pour toi, sa représentation de l’intimité est résolument la première. Cela ne veut pas dire que l'album n'est pas sexy, mais que sa musique conserve la tendresse d'un béguin épanoui et les sentiments qui gonflent lorsque vous réalisez que vous êtes témoin de parties de quelqu'un qui restent généralement invisibles. Écouter Grand pour toi c’est un peu comme faire cet exercice « 36 questions qui mènent à l’amour » avec le chanteur de 29 ans. Dès la première seconde de son nouvel album, elle présente (ou réintroduit) aux auditeurs sa voix hypnotique et mielleuse et les entraîne dans une vulnérabilité mutuelle à chaque mot suivant.
En 2019, le premier morceau de Zsela, « Noise », avait une beauté nocturne dans sa voix maussade et contralto, et en 2020, son Douleur de victoire EP a dressé les oreilles des adorateurs de Sade avec son R&B lo-fi mémorable, y compris l’hymne nostalgique « Early Days ». (Zsela, née Zsela Thompson, a un pedigree musical; son père, Marc Anthony Thompson, est l'artiste néo-soul Chocolate Genius.) Depuis lors, Zsela a gravé son intégralité tout en se produisant aux côtés de Caroline Polachek, Arooj Aftab, et puissance de chat. Elle fait à nouveau appel aux producteurs Daniel Aged (Frank Ocean, Kelela, FKA twigs) et Gabe Wax (the War on Drugs, Soccer Mommy), ce qui donne lieu à un album éclectique et expérimental à cheval sur les mondes du R&B alternatif et du rock indépendant folk.
Le disque est un exercice de présence, prenant parfois de profondes bouffées d'oxygène, à d'autres moments se transformant en répétitions lyriques ou en laissant tomber des surprises qui laissent les auditeurs à bout de souffle. Zsela ouvre le slow jam « Fire Excape » en chantonnant a cappella dans son fausset. Puis, sur une ligne de basse funk, elle chante qu'elle tombe amoureuse alors que le jour se lève sur l'escalier de secours. Un instant plus tard, une explosion de synthés trempe sa voix alors qu'elle se retrouve, impuissante, à « tomber » dans l'engouement. C'est l'un des crochets vocaux (et des vers d'oreille) les plus évocateurs de l'album, et la ligne de basse entraînante et sensuelle rappelle les arrangements pop-funk plus spartiates de Prince, combinant la remixabilité d'un morceau de club avec le silence d'un café. confessionnal.
Elle semble avoir découvert que si vous voulez être entendu dans une salle bondée, ne criez pas, approchez-vous et parlez doucement. Le mélancolique « Moth Dance » laisse progressivement échapper des couches de tissu musical ; Zsela répète sans cesse « Je suis vivant » à la fin, pour finalement avoir une voix tremblante, comme une affirmation qui n'a jamais vraiment résonné jusqu'à présent. Sur « Lily of the Nile », elle révèle, dans un murmure rauque, qu'elle « a fait du stop avec la mariée la nuit dernière » comme si elle vous révélait un secret salace. Et « Not Your Angel », un hymne électropop joyeusement haletant, traite l'obstination lyrique comme une tactique de flirt et évoque la pop baroque émotive et entraînante de « Walking on Broken Glass » d'Annie Lennox.