La musique d’ambiance est en crise. L’écoute passive n’est plus une idée alternative ou marginale mais le modèle sur lequel toute l’industrie du streaming est construite. Les stations de radio YouTube garantissent des heures d’audio relaxant et sans défi, et les albums sur Spotify se fondent dans des boucles sans fin de sons similaires. Comment préserver la tradition d’une musique ambiante soigneusement conçue dans un marché inondé de peluches favorables aux entreprises, ou convaincre les auditeurs de l’importance de la vision artistique lorsqu’un programme d’IA peut produire un drone parfaitement bon ? Hon pas de hauts, un « phare de malaise autoproclamé contre le déluge de fausses ambiances d’entreprise positives », Tim Hecker donne sa réponse.
Le premier album du musicien canadien en quatre ans n’est pas une déclaration grognon de sortir de ma pelouse, ni un auditoire abrasif comme celui de Vladislav Delay. rakka. En fait, c’est moins conflictuel que beaucoup d’albums de Hecker, même ceux qui ne semblent pas destinés à être difficiles, comme ses récentes expériences dans la musique gagaku japonaise. Konoyo et Anoyō. Quoi Pas de hauts plaide plutôt pour l’importance d’un sorcier derrière le rideau. L’album est le plus fort lorsqu’il vous fait prendre conscience de la présence invisible de l’artiste, debout dans les coulisses et invoquant le tonnerre et la foudre à volonté, jouant le public comme le réalisateur d’un bon thriller.
Le passage le plus satisfaisant arrive en moins de deux minutes et demie. « Monotony » commence par l’un des nombreux motifs de séquenceur à note unique de type Morse que nous entendrons tout au long. En plus de cela, Hecker crée un désert de sirènes et de balayeurs de rue qui commencent à ralentir et à se transformer en grands accords mineurs. Puis – voici le moment – Hecker introduit le grognement magistral d’un orgue d’église, ouvrant grand le bas du morceau avec des couleurs vives et un drame élevé. C’est un son qu’il a utilisé à maintes reprises et qui apparaît ici comme une empreinte personnelle, comme l’écho du piano de Shinichi Atobe ou la grosse caisse de GAS. C’est sa façon de dire, Vous écoutez un album de Tim Heckerun rappel que ce truc ne peut pas être fait par n’importe qui.
Pas de hauts peut être physiquement inconfortable à écouter, non pas parce qu’il est particulièrement bruyant ou dissonant, mais parce qu’il semble consciemment résister à la synchronisation avec les rythmes corporels de l’auditeur. « In Your Mind » introduit un motif de séquenceur palpitant dans ses premières secondes, mais Hecker continue de le ralentir et de l’accélérer, le faisant disparaître, empêchant le cerveau de prendre pied. Le saxophoniste Colin Stetson apparaît tout au long de l’album, exposant son approche physique habituelle de son instrument. Alors qu’il commence ses courses interminables sur « Monotony II », le claquement de ses touches clair comme le jour, l’auditeur pourrait en fait se retrouver à contracter ses poumons en sympathie avec son contrôle de la respiration époustouflant. Cette musique ne va pas s’aligner sur vos chakras.