Critique : DIODATO – « Si spécial » [Traccia per traccia]

« So special », aucun meilleur titre n’aurait pu être choisi par Diodato pour résumer l’essentiel de son nouveau disque, le disque de son retour.

Cela fait trois ans depuis l’étrange sortie de « Quel vie magnifique“.
C’était en 2020, Diodato a remporté haut la main Sanremo avec Faire du bruit et alors le monde s’arrêterait.
Le disque est resté presque cristallisé, piégé dans une bulle surréaliste.
Diodato a dû vivre un succès suspendu et pendant ce temps, il a pensé, réfléchi et a donné naissance à quelque chose de « si spécial ».

Le fil conducteur de l’image créative de Diodato commence dès le premier morceau Il faudrait un miracle.
Il faudrait vraiment un miracle pour arranger tout ce qui se passe et se passe, mais musicalement un petit miracle Diodato l’a fait !

« So special » est un album plein de lumière et d’espoir, comme il le définit lui-même, fait d’histoires et de contes.
Un album très joué, piano, voix, électricité et électronique comme greffes orchestrales. Un disque pop d’écriture contemporaine avec de vrais musiciens qui jouent et surtout vibrent.

Diodato a osé et voulu expérimenter même en termes d’écriture, se laissant guider par le groove et les bonnes sensations et coordonné par Tommaso Colliva, qui a produit tout l’album.

Un câlin pour l’âme aussi spécial qu’Antonio peut le faire !

PISTE PAR PISTE

Il faudrait un miracle
Le début de ce voyage s’ouvre sur une foule battante, des dialogues volés et des sons difficiles à focaliser qui rendent immédiatement tangible le chaos, placé au centre de la pièce ; une fanfare festive retentit annonçant le début de ce disque. Il faudrait un miracle pour combler les tourments de ces temps chaotiques, incompréhensibles, hurlants de populisme ambiant, indifférents, mais dans lesquels chacun se sent obligé d’avoir son mot à dire. Dans une telle situation, l’oxygène manque et nous nous retrouvons contraints à un état d’apnée, tandis que nous cherchons timidement notre prochain, un complice avec qui échanger de l’oxygène et attendre la normalité.

Tellement spécial
Le premier titre extrait de l’album du même nom, « Così speciali », révèle en partie ce que contient le quatrième enregistrement de Diodato : authenticité, émotion, soin et passion. Cette chanson est une ballade, un piano qui vibre dans une pièce et une voix qui vibre avec elle, avec le seul besoin de raconter. Diodato chante dans un crescendo instrumental et émotionnel l’importance de pouvoir reconnaître ce que sont vraiment les choses spéciales, même celles qui sont depuis longtemps perdues, perdues en ces temps étranges, où tout semble devenir incontrôlable. La prise de conscience de ces moments est un cadeau spécial et les partager est une catharsis.

A présent il n’y avait que toi
Il arrive parfois que quelqu’un nous prenne par la main et que quelqu’un décide de se confier, se laissant conduire vers un ailleurs jusqu’alors inexploré, le laissant lentement devenir notre tout, le cœur battant de tout ce qui nous concerne, jusqu’à ce que nous en voyions plus , n’ont rien de plus. Et que se passe-t-il lorsque tout cela s’effondre lentement, jusqu’à ce qu’il disparaisse physiquement de nos vies ? Il arrive que, si vous avez le courage de l’admettre, il reste quelque chose qui, malgré tout, s’épanouit silencieusement en nous.

Quel bordel
Le chaos existentiel évoqué dans « Il faudrait un miracle » rampe silencieusement dans l’esprit de l’intolérant qui se déplace entre l’écheveau qui s’emmêle dans sa tête et celui du monde qui l’entoure, en quête d’émotions et de stimuli nouveaux, assoiffé de vie, désireux de se mêler aux autres en sachant que ça va être un vrai gâchis. Pourtant, la certitude d’aller glisser dans ce chaos ne fait pas peur à ceux qui veulent se jeter à corps perdu dans une expérience débordante de vie.

Des lunettes de soleil
Dans « Lunettes de soleil », Diodato raconte l’inévitable heurt entre les différentes attentes d’une vie, nos projections et celles des personnes qui nous aiment et nous observent pour tenter de nous protéger. « Lunettes de soleil » représente toutes ces questions auxquelles vous ne pouvez jamais donner de réponse et les choix qui semblent toujours aller dans la direction opposée. Si le soleil dans la vie scintillante des autres semble briller si fort qu’il peut faire mal, une paire de lunettes de soleil peut être utile.

Trou noir
Parfois certaines expériences de notre vie creusent des gouffres, des trous noirs capables d’anéantir toute volonté et du fond desquels il semble que rien ne puisse revenir, aucune lueur, aucune vibration. Et bien que connaissant son danger, l’intensité de ce noir continue de nous attirer.

Il faut qu’on se voit
Deux personnes qui donnent vie à un tout et à tout ce qu’il peut contenir : promesses, paroles et confidences, l’intimité d’un lien profond dont seuls les intéressés connaissent la réalité. Dans l’ensemble, la parole de ceux qui ne savent pas, de ceux qui pensent en savoir plus et de ceux qui s’arrogent le droit de parler et d’avoir leur mot à dire sur une histoire qu’ils ne connaissent pas et qu’ils n’ont pas vécue. Seuls les protagonistes d’une histoire connaissent toutes les déclinaisons qu’ils ont données à leurs noms, l’importance de ce qu’ils ont vécu, eux seuls savent où se trouve ce lieu où ils doivent se retrouver.

Si tu me veux
Diodato écrit cette chanson pour la bande originale du film « DIABOLIK – GINKO ALL’ATTACCO! » réalisé par les Manetti Bros. et revient pour composer et interpréter une œuvre inédite liée à un projet de film, consolidant encore la relation déjà étroite entre l’auteur-compositeur-interprète et le monde du cinéma. Diodato s’en mêle en s’immergeant dans les ambiances et l’historicisation cinématographique des plus célèbres BD italiennes des années 60. Avec cette pièce, l’artiste plonge ses mains dans la matière changeante du désir pour tenter d’en tracer le clair-obscur, d’en dessiner les soubresauts d’une flamme ardente. Diodato participe également au tournage du film, faisant une apparition spéciale.

Lâcher
Un dialogue entre la tête et le cœur, un renversement des rôles dans lequel pour une fois c’est la tête cynique qui invite le cœur à lâcher prise, pour lui donner le courage de s’essayer à une nouvelle histoire d’amour, malgré les coups encaissés au fil du temps.

Viens rire de moi
Le temps mort d’une journée ensoleillée au cœur de Rome, un clocher qui réaffirme un temps mort et une âme qui, plongée dans cette stase, rebondit dans une routine faite de séries télévisées, de nourriture et de petits gestes quotidiens qu’elle aimerait partager avec qui, jusqu’à présent, il avait voulu oublier. « Viens rire de moi » est un changement de cap, un manifeste sincère de notre humanité, de nos limites et de nos contradictions, un drapeau blanc flottant au premier chaud soleil printanier.

NOTE : 7,25

À ÉCOUTER MAINTENANT

Il faudrait un miracle – Si spécial – Viens te moquer de moi

À PASSER IMMÉDIATEMENT

Pas de signe.

LISTES DE PISTES