Young Fathers: Critique de l’album Heavy Heavy

Au cours des 10 derniers mois, les cavernes Duveen Galleries de la Tate Britain de Londres – la galerie d’art du nom du magnat du sucre qui l’a financée – ont présenté un défilé Technicolor de personnages de toutes formes et tailles, drapés de cartes, d’argent, de drapeaux en patchwork, de sweats à capuche , et masques ornementaux. Certains montent à cheval, d’autres traînent des captifs. C’est une chose cacophonique, détaillée au point de près de l’infini, inondée de messages mais finalement définie par un sentiment pur. C’est beau, troublant, désordonné, à la fois engageant et combatif : un mélange de matériaux mats et brillants, riches et bruts, de carton, de tissu et de fil de fer. Il se lit comme un poème. L’ouvrage, intitulé La procession, est de Hew Locke, artiste né à Édimbourg, élevé en Guyane et revenu en Angleterre. Lorsque le producteur de Young Fathers, Graham « G » Hastings, a visité l’exposition en personne, trois ans après le début de la réalisation du quatrième album de son groupe, il a été frappé par la façon dont l’œuvre semblait offrir « un point final » à l’effort de son propre groupe : un résumé des idées sur lesquelles lui et ses camarades du groupe d’Édimbourg Alloysious Massaquoi et Kayus Bankole avaient travaillé. Leur album, Lourd Lourdpartage certains de La processionc’est des qualités immersives; il invite l’auditeur à participer, à se lever et à chanter. C’est peut-être aussi le meilleur du groupe à ce jour.

Les jeunes pères ont souvent fait des gestes sur le sens, mais se sont retrouvés dans l’obscurcissement, que ce soit par la nature de leurs paroles impénétrables mais poétiques ou par le sac de genres et de conventions musicales qu’ils aiment fouiller. Si 2018 Sucre de Cacao a proposé un correctif sévère, se concentrant sur des formes pop plus strictes et plus conventionnelles, puis Lourd Lourd est la postcombustion persistante. Ils reportent Sucre de Cacao(les chansons doivent durer trois minutes et être chargées d’accroches irrésistibles) mais se débarrasser de la raideur. Ici, déchargé, vibrations sont les seuls guides. Et de la traînée boisée d’ouverture de la ligne de basse sur « Rice » au chug et aux applaudissements de « Holy Moly », Lourd Lourd éclate avec un élan écrasant, comme pour dire: « Continuez, si vous le pouvez. »

Au milieu des sessions pour l’album, Hastings a ramassé un National géographique À travers l’objectif livre photo d’un magasin de charité à proximité. Il l’a découpé puis épinglé les boutures autour du studio du groupe à Édimbourg, évoquant un public imaginaire pour que le groupe chante et s’engage dans un acte commun de création musicale. Les voyages de Bankole au Ghana et en Éthiopie pendant le temps libre du groupe entre les albums ont également contribué à éclairer leur approche. Là, il a été témoin du chant comme pratique partagée, quotidienne et souvent spontanée. Chanter peut être libérateur, et un sentiment de libération de l’âme mène l’action tout au long Lourd Lourd: dans les harmonies pas tout à fait et les improvisations improvisées de l’ascendant « Geronimo », l’appel et la réponse tissés de « Drum », les douces houles de « Ululation ». Le premier point culminant « Tell Somebody » parvient à être à la fois dense et délicat, comme la barbe à papa ou le nuage le plus invitant.